Un drôle de cannabis en accès libre
Deux commerces vendant de l’herbe et du cannabis sans principe actif ont ouvert en Ile-de-France
Fais tourner le buzz. Après Besançon ou encore Annoeullin près de Lille, les premières boutiques proposant du cannabis au CBD (Cannabidiol) fleurissent en région parisienne. A quelques jours d’intervalle, des commerces ont été ouverts à Puteaux, dans les Hauts-de-Seine, et dans le 11e arrondissement de Paris, rue Amelot. Leur nom : E-Klop et Cofyshop.
L’homme derrière la vitrine de cette dernière échoppe est bien connu des polémiques parisiennes. Joaquim Lousquy a monté il y a quelques mois Xdolls, le premier établissement de location de poupées sexuelles. « Comme pour Xdolls, je suis tombé sur un article de presse parlant du CBD et une fois de plus j’ai trouvé le produit intéressant », explique-t-il. Mais concrètement de quoi parlet-on ? Le CBD ou cannabidiol est une molécule dérivée du cannabis. Cette substance extraite du chanvre – qui n’a pas les effets psychoactifs du THC – peut s’acheter en France sous diverses formes : en cristaux, en sirop, en huile, en liquide à vapoter, en résine, en infusion... Coincé dans un cadre juridique flou, le CBD n’a rien d’illégal, ni de concrètement légal. Une chose est certaine, le ministère de la Santé a annoncé que sa présence dans des produits de consommation était autorisée, tant que le taux de THC ne dépassait pas 0,2 %.
Ni médecin, ni dealer
Alors des commerçants surfent sur la tendance. Joaquim Lousquy s’en félicite et rappelle qu’il n’est pas médecin, ni dealer. « Ce n’est ni un médicament, ni un relaxant. Je déconseille à tout le monde de fumer. Nous, on vend ça comme on vendrait une table ou une chaise », détaille-t-il. Même son de cloche à Puteaux. « Je ne vends pas de produits au CBD pour qu’ils soient fumés en pétard, mais pour les gens qui veulent retrouver le goût autrement », explique Stéphane Bélaiche, fondateur d’E-Klop. Lui a ouvert sa boutique il y a cinq ans, mais s’est lancé dans le CBD récemment, vantant ses vertus thérapeutiques. Mais cette supposée utilisation fait débat. La Direction générale de la santé (DGS) souligne qu’« aucune vertu thérapeutique ne peut être revendiquée ». Et certaines publicités entretiennent « une confusion entre le cannabis et le CBD et font ainsi la promotion du cannabis ».
Dan Velea, psychiatre addictologue dans le 6e arrondissement, confirme qu’il y a « un risque que les usagers retournent au cannabis contenant du THC et surtout que le CBD soit une porte d’entrée vers le produit ». Qu’importe pour les vendeurs de weed light. « Ça va cartonner », lance Stéphane Bélaiche qui vend son gramme entre 20 et 25 €. Joaquim Lousquy a, lui, déjà prévu d’ouvrir de nouvelles boutiques dans le 15e, le 17e, l’Essonne et le Val-de-Marne.