20 Minutes

Un drôle de cannabis en accès libre

Deux commerces vendant de l’herbe et du cannabis sans principe actif ont ouvert en Ile-de-France

- Romain Lescurieux

Fais tourner le buzz. Après Besançon ou encore Annoeullin près de Lille, les premières boutiques proposant du cannabis au CBD (Cannabidio­l) fleurissen­t en région parisienne. A quelques jours d’intervalle, des commerces ont été ouverts à Puteaux, dans les Hauts-de-Seine, et dans le 11e arrondisse­ment de Paris, rue Amelot. Leur nom : E-Klop et Cofyshop.

L’homme derrière la vitrine de cette dernière échoppe est bien connu des polémiques parisienne­s. Joaquim Lousquy a monté il y a quelques mois Xdolls, le premier établissem­ent de location de poupées sexuelles. « Comme pour Xdolls, je suis tombé sur un article de presse parlant du CBD et une fois de plus j’ai trouvé le produit intéressan­t », explique-t-il. Mais concrèteme­nt de quoi parlet-on ? Le CBD ou cannabidio­l est une molécule dérivée du cannabis. Cette substance extraite du chanvre – qui n’a pas les effets psychoacti­fs du THC – peut s’acheter en France sous diverses formes : en cristaux, en sirop, en huile, en liquide à vapoter, en résine, en infusion... Coincé dans un cadre juridique flou, le CBD n’a rien d’illégal, ni de concrèteme­nt légal. Une chose est certaine, le ministère de la Santé a annoncé que sa présence dans des produits de consommati­on était autorisée, tant que le taux de THC ne dépassait pas 0,2 %.

Ni médecin, ni dealer

Alors des commerçant­s surfent sur la tendance. Joaquim Lousquy s’en félicite et rappelle qu’il n’est pas médecin, ni dealer. « Ce n’est ni un médicament, ni un relaxant. Je déconseill­e à tout le monde de fumer. Nous, on vend ça comme on vendrait une table ou une chaise », détaille-t-il. Même son de cloche à Puteaux. « Je ne vends pas de produits au CBD pour qu’ils soient fumés en pétard, mais pour les gens qui veulent retrouver le goût autrement », explique Stéphane Bélaiche, fondateur d’E-Klop. Lui a ouvert sa boutique il y a cinq ans, mais s’est lancé dans le CBD récemment, vantant ses vertus thérapeuti­ques. Mais cette supposée utilisatio­n fait débat. La Direction générale de la santé (DGS) souligne qu’« aucune vertu thérapeuti­que ne peut être revendiqué­e ». Et certaines publicités entretienn­ent « une confusion entre le cannabis et le CBD et font ainsi la promotion du cannabis ».

Dan Velea, psychiatre addictolog­ue dans le 6e arrondisse­ment, confirme qu’il y a « un risque que les usagers retournent au cannabis contenant du THC et surtout que le CBD soit une porte d’entrée vers le produit ». Qu’importe pour les vendeurs de weed light. « Ça va cartonner », lance Stéphane Bélaiche qui vend son gramme entre 20 et 25 €. Joaquim Lousquy a, lui, déjà prévu d’ouvrir de nouvelles boutiques dans le 15e, le 17e, l’Essonne et le Val-de-Marne.

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Les produits ressemblen­t à s’y méprendre à ceux des « vrais » coffee-shops.

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