20 Minutes

Autolib’, le coup de la panne

Plombé par une lourde dette, le service d’autopartag­e de Vincent Bolloré se retrouve sur la sellette

- Romain Lescurieux

Décembre 2011 : Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, et Vincent Bolloré inaugurent, dans la capitale, le service d’autopartag­e Autolib’ et ses Bluecar 100 % électrique­s. Mais près de sept ans plus tard, c’est la chute libre, au point que la Mairie de Paris envisage de tourner le dos au service. D’après des chiffres révélés par Le Monde, la dette d’exploitati­on du service s’élèverait à 293,6 millions d’euros jusqu’à la fin du contrat, en 2023. Si Vincent Bolloré va – comme le prévoit le contrat – sortir 60 millions d’euros de sa poche, l’industriel breton réclame aussi aux collectivi­tés de lui verser 46 millions d’euros par an, pour éponger le reste. Des élus s’étranglent, à commencer par la maire de Paris Anne Hidalgo. « La somme demandée par l’entreprise est extravagan­te », a-t-elle expliqué aux Echos, tout en remettant en cause le modèle dans sa globalité. « Ce dispositif devait être rentable. Force est de constater qu’il ne l’est pas », souligne-t-elle. De son côté, Vincent Bolloré a « réaffirmé son souhait de voir les discussion­s se poursuivre et aboutir » avec le syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM), qui gère le dispositif pour les 103 villes partenaire­s.

Toujours est-il que, depuis fin 2016, Autolib’ a subi une baisse de plus de 5 % de ses abonnés, selon une étude du bureau de recherches 6-t, spécialist­e de la mobilité urbaine, publiée fin 2017. Selon le rapport d’activité du syndicat mixte Autolib’ Métropole, les ventes d’abonnement­s de courte durée (un mois, une semaine et un jour) ont par exemple diminué de 14 % pour la seule année 2015. Certains clients ont en effet été attirés par la concurrenc­e ou d’autres moyens de mobilité, notamment après des problèmes techniques, récurrents par temps de pluie.

Les élus parisiens déplorent aujourd’hui la situation. « «a ne marche plus », déplore Eric Azière, président du groupe UDI-MoDem. « Bolloré s’est servi d’Autolib’ pour se faire une image à l’internatio­nal et améliorer sa technologi­e », accuse de son côté le président du groupe écologiste David Belliard. De nombreux élus demandent aussi à pouvoir consulter les résultats de l’audit « afin de vérifier la façon dont le groupe Bolloré impute des charges sur cette activité et d’évaluer la réalité du déficit », note dans un communiqué le groupe Démocrates et progressis­tes. Anne Hidalgo, qui assure être en « discussion avec différents constructe­urs », évoque dans son entretien aux Echos la nouvelle piste de systèmes d’automobile­s en « free-floating ». Une commission devrait être prochainem­ent créée, où siégeront l’ensemble des élus parisiens, pour suivre l’« évolution du sujet ».

« Bolloré s’est servi d’Autolib’ pour se faire une image à l’internatio­nal. » L’écologiste David Belliard

Une quasi-unanimité pour le plan climat d’Anne Hidalgo. La maire de Paris s’est félicitée mardi des résultats de la « votation citoyenne » sur le plan climat : 73 765 personnes ont participé, dont 95,95 % se sont prononcées en faveur de ce projet contenant 500 mesures pour lutter contre le réchauffem­ent et préserver l’environnem­ent. Euro Disney condamnée pour la mort accidentel­le d’un salarié.

La société Euro Disney a été condamnée mardi à 200 000 € d’amende pour la mort accidentel­le d’un agent de nettoyage. Ce salarié d’une société sous-traitante avait été écrasé alors qu’il travaillai­t sur une attraction, le 6 octobre 2010, à Disneyland Paris. Il était mort quelques heures plus tard à l’hôpital.

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Certains clients se sont aussi plaints de dysfonctio­nnements récurrents.
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