Les casse-cou attendus au tournant
Une loi sera proposée en juillet pour renforcer la lutte contre le phénomène
Des moteurs qui vrombissent, des motards souvent sans casque qui enchaînent les « roues arrière » et les excès de vitesse, des quads et minimotos – interdits en ville –, qui slaloment au milieu des automobilistes… Avec le printemps reviennent les rodéos sauvages. Au grand dam des riverains excédés par les nuisances sonores et des élus qui se sentent souvent dépassés par cette délinquance routière, à l’origine de plus en plus d’accidents (lire l’encadré). Une proposition de loi sera examiné courant juillet à l’Assemblée nationale afin de transformer ces pratiques en délit. Aujourd’hui, les rodéos ne sont punis qu’au travers des infractions contraventionnelles qui en découlent : excès de vitesse, absence du port de casque, véhicule non homologué…
Le texte propose ainsi de punir d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende « le fait d’adopter, au moyen d’un véhicule terrestre à moteur, une conduite répétant de façon intentionnelle des manoeuvres constituant des violations d’obligations particulières de sécurité ou de prudence». Une peine alourdie à cinq ans de prison et 75 000 € si les faits sont commis en réunion ou sous l’emprise d’alcool et de stupéfiants. La confiscation du véhicule serait aussi rendue systématique. « Ces peines sont avant tout dissuasives, l’idée principale est de lutter contre le sentiment d’impunité ressenti par ces jeunes », justifie le député Rémy
Rebeyrotte, porteur de la proposition au sein du groupe LREM.
Si le texte est globalement salué par les syndicats de police, tous pressentent qu’une évolution législative ne suffira pas. Ainsi, pour éviter de dangereuses courses-poursuites, les forces de l’ordre privilégient les interpellations a posteriori, au moyen de la vidéosurveillance par exemple. «Sur le principe, [créer] ce nouveau délit est bien, mais il ne règle pas les difficultés d’interpellations et les risques qui en découlent », observe Loïc Lecouplier, du syndicat Alliance, à Paris. Un sentiment partagé par Rocco Contento (Unité SGP-Police). Le texte, selon lui, va dans « le bon sens », mais « encore faut-il le mettre en pratique et que les parquets nous soutiennent ».
« L’idée est de lutter contre le sentiment d’impunité ressenti par ces jeunes.» Rémy Rebeyrotte (LREM)