Une perte aussi au masculin
Comme les femmes, les hommes souffrent après une fausse couche. En silence
« Même si je ne l’ai pas porté, j’avais un profond sentiment de vide, d’avoir perdu quelque chose », confie Romain*, qui dévoile sa détresse après la fausse couche de sa compagne. Une épreuve qui s’accorde en général au féminin. Toutefois, «c’est une réalité clinique, on voit de plus en plus d’hommes affectés, assure Stéphane Clerget, pédopsychiatre qui estime qu’ils seraient environ 20%. D’autant plus quand les fausses couches se répètent, qu’il n’y a pas encore d’enfant et qu’ils attendent depuis longtemps.» Gauthier a ainsi été chamboulé par celle de sa femme, en 2016 : « Ça a été une épreuve très difficile pour moi. Je me suis posé plein de questions, je culpabilisais, je devais réconforter ma compagne et, moi, je ne montrais rien. Je gardais tout en moi et, quand j’étais seul, je pleurais.»
De plus en plus impliqués
Pourquoi cette détresse ? « Aujourd’hui, les pères s’impliquent beaucoup plus dans l’éducation des jeunes enfants et ils anticipent davantage grâce aux techniques d’imagerie : on voit des échographies en 3D, en couleurs, ce qui favorise l’attachement avant l’arrivée du bébé», assure Stéphane Clerget. L’autre changement, c’est l’augmentation de la procération médicalement assistée (PMA). « Les hommes sont impliqués dans l’élaboration de ce projet et dans la progression de la grossesse, reprend le Dr Clerget. Avant, on se disait “C’est une volonté divine” ou “C’est la nature”, là, quand ça se passe mal, on a failli.»
Mais, avant de pouvoir se débarrasser de cette tristesse et de cette culpabilité, encore faut-il que ces pères ne se voient pas en « victime collatérale » qui n’aurait pas droit aux larmes. «La grossesse est dans une extraterritorialité pour l’homme, résume Luis Alvarez, psychiatre. Ce qui explique qu’il ne se sent ni légitime ni confortable dans la manifestation de sa douleur. Il considère que son rôle est davantage de soutenir sa compagne endolorie et endeuillée. Alors il ravale, occulte sa propre peine.» Sont dénoncées, aussi, la société qui impose aux hommes de taire leurs sentiments… Et les soignants qui donnent rarement la parole aux pères. « Si on pense à consoler une femme en deuil d’un foetus, on ne pense pas à l’homme », avertit Stéphane Clerget.
Pour certains hommes, exprimer leur peine est pourtant nécessaire : «Il y a des manifestations qui ne sont pas vécues comme une douleur : irritabilité, agitation et, le plus souvent, surinvestissement dans le travail », souligne le Dr Clerget. «Certains attrapent beaucoup de “bobos”, ont des accidents, complète le Dr Alvarez. En général, ils peuvent manifester cette douleur lorsqu’ils ont l’impression que leur compagne va mieux, très à distance de la perte.»
* Le prénom a été changé. Dans six mois, vous l’appellerez « Macédoine du Nord ». Les ministres grec et macédonien des Affaires étrangères ont signé dimanche un accord historique pour rebaptiser l’actuelle Ex-république yougoslave de Macédoine (Arym) en Macédoine du Nord. Cet accord, prévu pour entrer en vigueur sous six mois, doit lever le verrou grec à l’entrée de Skopje dans l’UE et l’Otan.
Le chauffard de Moscou a confondu les pédales. Le conducteur d’un taxi qui a fauché samedi des piétons sur un trottoir à Moscou a affirmé avoir confondu le frein et l’accélérateur. Au moins sept personnes ont été blessées dans cet accident survenu alors que le chauffard avait vingt d’heures de conduite cumulées au compteur.