En toute discrétion, les « data brokers » font leur beurre avec les données personnelles des internautes
Ces professionnels, mis en lumière par le scandale Cambridge Analytica, collectent les données des internautes
Ils agissent dans l’ombre, leur pratique est très lucrative, et leur identité est inconnue du grand public. Les data brokers (des courtiers en données) font de vos informations personnelles un fonds de commerce. Tandis que le festival Futur.e.s (ex-Futur en Seine) consacre jusqu’à samedi, à Paris*, sa réflexion à la question des données, 20 Minutes s’est penché sur cette profession, devenue tristement célèbre au moment de l’affaire Cambridge Analytica. A quoi ressemble un data brocker ? Ce terme désigne des entreprises, à l’instar d’Acxiom ou Experion, qui associent de nombreux métiers : data analysts, spécialistes juridiques… « Les data brokers collectent des données sur les individus via des jeux concours, des questionnaires, des forums… Et ils passent des accords avec des entreprises qui leur fournissent des données en échange de
leur enrichissement», explique Simon Chignard, coauteur de Datanomics : Les nouveaux business models des données
(éd. Fyp). C’est une industrie qui marche tant qu’on ne la perçoit pas.». C’est pourquoi ils ne veulent pas communiquer avec les journalistes.
Ce métier pourrait se transformer assez vite. « Des choses plus massives se préparent », anticipe Christophe Benavent, professeur à l’université Paris-Nanterre et directeur scientifique du pôle numérique de l’Observatoire société et consommation. Quand nous installons des objets connectés, « nous installons des tubes de données. A partir de là, beaucoup de services peuvent se développer», insiste-t-il. On peut aussi imaginer des processus vertueux. Uber, par exemple, pourrait fournir aux municipalités ses données. « Agréger de minute en minute la circulation des VTC fournit en temps réel des informations pour construire des villes intelligentes, explique Christophe Benavent. Des écosystèmes comme celui-ci devraient se développer. » * Grande Halle de La Villette, Paris 19e.
Ce jeudi, à 16 h 30 à Futur.e.s, l’auteure de cet article anime une conférence sur la transition numérique.
« Cette industrie marche tant qu’on ne la perçoit pas. » C. Benavent, chercheur