Les députés divisés sur la réforme de l’Assemblée
Les parlementaires planchent sur la réforme de l’Assemblée, un exercice révélateur des tensions croissantes avec son président
Difficile de se réformer soi-même. Mercredi matin, le bureau de l’Assemblée nationale a tenu une conférence pour faire le bilan des chantiers lancés pour réformer l’institution. D’emblée, son président, François de Rugy, a vanté les « 125 réunions, 350000 pages vues sur le site Internet et les 70 propositions » formulées par les sept groupes de travail. Puis les députés ont commencé à présenter leurs propositions, sur un ton courtois, s’envoyant du « coconstruction » par-ci et saluant la « grande qualité du travail effectué par les collègues » par-là.
Mais lorsque la discussion est arrivée sur la création d’un musée et d’un nouvel espace d’accueil pour le public au sein du Palais-Bourbon, l’atmosphère a commencé à se crisper. Luc Carvounas, député PS du Val-de-Marne, qui a soulevé la question du coût d’un tel projet, s’est vu répondre sèchement par François de Rugy : « Les groupes de travail ont pour mission de faire des propositions sans s’autocensurer. Ensuite, on fera des choix sur la base d’estimations financières. »
« On ne me la fait pas ! »
L’ambiance a sérieusement tourné au vinaigre sur le sujet de l’organisation du calendrier parlementaire. « Le ministre chargé des relations avec le Parlement ne fait absolument pas le job, a attaqué la socialiste Laurence Dumont. Il y a deux mois, on n’avait rien à faire dans l’hémicycle et, aujourd’hui, on est débordés ! » François de Rugy a alors pris la défense de Christophe Castaner : « Les “y a qu’à, faut qu’on”… Si c’était ça le sujet… Vous croyez que, au hasard, entre juin 2012 et juin 2017, tout s’est passé comme sur des roulettes dans l’organisation du travail parlementaire ? Moi, comme on dit trivialement, on me la fait pas ! »
Le groupe chargé du projet a bien suggéré quelques pistes pour « mieux anticiper le travail législatif » sur l’année, par exemple. Mais Clémentine Autain (LFI) a enfoncé le clou en dénonçant la diminution du nombre de parlementaires souhaitée par la majorité. « Si vous doublez la taille de la circonscription, le travail de terrain deviendra mission impossible. Ce que vous proposez est contradictoire avec les grands axes de la réforme constitutionnelle à venir. »
Le volet constitutionnel du projet de réforme des institutions sera d’ailleurs examiné la semaine prochaine en commission et en juillet dans l’hémicycle. Les débats pourraient y être tout aussi agités.