Des lentilles corrigent les troubles de la vue en un clin d’oeil
Depuis quelques années, des firmes lancent des lentilles qui peuvent corriger, après opération, les troubles de la vue en un clin d’oeil
Nous l’avons constaté de nos propres yeux. La chirurgie de l’oeil a connu ces dernières années quelques grandes innovations, présentées lors du Congrès mondial d’ophtalmologie, la semaine dernière à Barcelone. Et, parmi les nouveautés à regarder de près, l’opération de la cataracte. Ce trouble de la vision survient avec l’âge : le cristallin, situé derrière la pupille, perd de sa transparence. On voit alors de plus en plus flou et les couleurs s’estompent. Vingt millions de personnes dans le monde sont touchées par cette dégénérescence qui ne peut être corrigée que par le bistouri. L’opération, qui dure dix minutes, consiste à remplacer le cristallin déficient par une lentille plastique. Et, depuis septembre 2015, Alcon, firme suisse dont le centre d’expérimentation est situé à Barcelone, propose une nouvelle lentille, multifocale, qui peut corriger, outre la cataracte, la myopie, l’hypermétropie et la presbytie. Comme si vous aviez des verres progressifs, mais à l’intérieur de l’oeil ! «L’opération est la même, c’est juste la lentille qui change, qu’on appelle trifocale, car elle agit sur la vision de près, de loin, mais aussi à moyenne distance», précise Natacha Romano, chef de produit chez Alcon. Plus besoin, donc, de jongler (et de chercher) vos trois paires : les lunettes de soleil, celles pour lire et celles pour regarder de télévision.
Un coût encore important
Problème : peu de patients connaissent cette lentille révolutionnaire, et peu de chirurgiens la proposent. « Les patients doivent avoir le choix, en fonction de leur vue, mais aussi de leur mode de vie», nuance le Dr Faustino Vidal Aroca, qui dirige le centre d’expérimentation d’Alcon. Un fanatique de ski aura ainsi davantage besoin de cette lentille intraoculaire trifocale qu’une personne dépendante en Ehpad. Autre problème, le coût. Si l’opération de la cataracte avec une lentille monofocale est remboursée par la Sécurité sociale en France, le patient devra débourser 300 € par oeil s’il opte pour la lentille trifocale. Du côté des outils au bloc aussi, les avancées sont étonnantes. Aujourd’hui, la taille de l’incision dans l’oeil pour insérer une lentille intraoculaire n’excède pas 2,2 mm. Grâce à un examen minutieux, car «chaque cornée a sa propre courbe, ses irrégularités», explique le Dr Francesco Carones, chirurgien milanais. Grâce aussi à des robots, comme l’outil Claeron Autonome, proposé par Alcon depuis octobre. Sa particularité : il dépose automatiquement la lentille dans l’oeil, diminuant le risque d’infections. Un dispositif disponible pour les lentilles monofocales. Jusqu’à la prochaine étape.