La « poudrière » démographique
Assis sur un petit banc de l’école de Danzara Kouama, Alfari Habou Koy, 80 ans, pose un regard aussi attendri que soulagé sur les enfants assis sur de simples nattes à ses pieds. « La plupart des parents craignent que leurs enfants ne suivent les mauvaises personnes dans la rue. Au moins, s’ils vont à l’école, ils sont rassurés... », lance le chef du village situé dans la banlieue de Niamey, la capitale du Niger.
Sur le sable brûlant de la place, l’Agence française de développement finance la construction de paillottes comme autant de classes passerelles destinées à accueillir les enfants en rupture avec l’école. Selon l’ONG Aide et Action, environ 2 millions d’enfants de moins de 14 ans seraient actuellement déscolarisés ou non scolarisés. « C’est une vraie bombe à retardement vu toutes les formes de déviance ici », déplore Tcha Berei, le responsable de la structure qui participe à ce projet de rescolarisation. D’autant que la pression démographique fait craindre le pire aux autorités nigériennes. Avec un taux de fécondité de 7,6 enfants par femme, le pays du Sahel pourrait voir sa population doubler dans les vingt prochaines années. Grâce au projet, un millier d’enfants auraient déjà retrouvé le chemin des salles de classe nigériennes. Reste encore à trouver des enseignants dignes de ce nom. Selon une étude de 2014, seuls un tiers d’entre eux ont le niveau CM1.