Chris Froome sera bien au départ, et l’hostilité aussi
Blanchi après son contrôle antidopage anormal, Froome sera au départ du Tour, samedi. Mais il pourrait faire face à la colère des fans
Le feuilleton est terminé, et l'épisode final n'a pas plu à tout le monde. Alors que sa présence sur le Tour de France n'était pas souhaitée par les organisateurs, après son contrôle antidopage anormal en septembre 2017, Chris Froome sera bien, samedi, au départ de la Grande Boucle. Le Britannique a été blanchi lundi par l'Union cycliste internationale. Une décision difficilement compréhensible pour JeanRené Bernaudeau, le directeur sportif de Direct Energie : « Je suis curieux de savoir ce qu'on va nous expliquer pour justifier qu'un cycliste qui a le double de la limite autorisée [de salbutamol] puisse être blanchi.»
Après neuf mois de procédure, le coureur de la Sky a obtenu gain de cause sur le fil. Déjà très suspicieux à l'encontre du Britannique, le public français risque d'avoir encore plus de mal à accepter ce contrôle anormal non sanctionné. L'atmosphère lourde qui régnait au temps de Lance Armstrong devrait resurgir. «Il y aura beaucoup d'hostilité, estime Nicolas, un fan de vélo qui sera présent sur trois étapes du Tour. On peut s'attendre à voir des actions, comme le jet d'urine en 2015.
« Le grand public va encore se dire que c’est un sport de dopés. » Gilbert Duclos-Lassalle
Il pourrait y avoir des débordements et ça pourrait clairement jouer sur l'intégrité physique de Chris Froome. Ça s'annonce très compliqué pour les organisateurs, car il y a toujours des débiles sur le bas-côté.» L'atmosphère sera sans doute moins lourde au sein du peloton. Si certains coureurs l'ont critiqué, comme Bardet ou Dumoulin, la majorité est restée silencieuse dans ce dossier. «Tout le monde est un peu aigri, car la décision aurait pu être prise depuis un moment, estime le coureur Steve Chainel qui ne croit pas à un front antiFroome. Hinault disait que, s'il était coureur, il ferait grève. Faut arrêter, on n'est plus dans les années 1940, quand un sponsor paie 20 millions d'euros l'année, il vous dit : “Fermez votre gueule et faites la course.”» Si le peloton ne criera pas au scandale, l'image du vélo en prend encore pour un coup, au grand dam de l'ex-cycliste Gilbert Duclos-Lassalle : « C'est dommage pour le vélo, c'est dommage pour le Tour. Le grand public va encore se dire que c'est un sport de dopés. Notre sport fait le maximum pour épingler les gens qui trichent. Et quand ils sont épinglés, on se retrouve avec une guerre d'avocats.»
Seul motif d'espoir : une réaction, sur le vélo, des autres équipes, face à la puissante équipe britannique. « Sky n'aura pas d'alliés, assure Chainel. S'il arrive une couille à Froome, plusieurs équipes s'allieront.» Voilà au moins un point positif pour le spectacle sur le Tour de France.