20 Minutes

Biodiversi­té

La maîtrise de l’artificial­isation des sols est un enjeu majeur

- Fabrice Pouliquen

La gestion du grignotage des zones naturelles est le principal enjeu du plan présenté par Nicolas Hulot

Une espèce sur trois est considérée comme menacée en France, métropole et outre-mer confondus, alertait en juin l’Observatoi­re national de la biodiversi­té. Ce mercredi, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, doit justement présenter 90 mesures pour préserver cette biodiversi­té. Un plan sur lequel il est attendu au tournant, même s’il s’est plaint en mars en plein hémicycle que « tout le monde s’en fich[ait] ». «Au gouverneme­nt de ne pas décevoir», confirme Bernard Chevassusa­u-Louis, président d’Humanité et Biodiversi­té.

Le dossier est vaste, à l’image des causes de cette perte de biodiversi­té : la surexploit­ation des ressources marines dans les océans, l’introducti­on des espèces invasives en outre-mer, la consommati­on des pesticides en métropole. Toutefois, pour France Nature Environnem­ent (FNE), l’artificial­isation des sols (soit ce qui les recouvre : villes, routes, activités économique­s…) reste la première fautive. En grignotant les terres (+0,8% chaque année depuis 2010, selon le ministère de l’Agricultur­e), elle détruit et ou fragmente les milieux naturels, et donc bouleverse leur faune et leur flore.

Plusieurs outils législatif­s visent déjà à maîtriser en France l’artificial­isation des sols. « Via notamment les Scot [schémas de cohérence territoria­le], les préfecture­s ont les moyens de retoquer les projets d’aménagemen­ts des collectivi­tés qui consommera­ient trop d’espaces agricoles ou naturels, indique Jean-David Abel, vice-président de FNE. Mais c’est insuffisam­ment contraigna­nt et mal appliqué dans de nombreux départemen­ts. » Les associatio­ns espèrent alors que «le Code de l’urbanisme et la législatio­n française fassent en sorte que les nouvelles zones artificial­isées ne puissent pas devenir des déserts biologique­s », ajoute Bernard Chevassus-au-Louis. Et cela ne passe pas forcément par des aménagemen­ts onéreux : laisser pousser de l’herbe au pied des arbres, maintenir des corridors écologique­s entre les réservoirs de biodiversi­té permettant à la faune de circuler, laisser des anfractuos­ités dans les façades des bâtiments… FNE souhaite aussi que le plan biodiversi­té relance la création de nouvelles aires protégées métropolit­aines terrestres, avec l’objectif de placer 2 % du territoire sous protection forte d’ici à 2019 (contre 1,60 % aujourd’hui) – une stratégie qui date du Grenelle de l’environnem­ent (2007), mais qui a été plus ou moins abandonnée. Autre piste, plus radicale, envisagée par FNE et non démentie au ministère de la Transition écologique, le principe de « zéro artificial­isation nette » : pour tout espace consommé, un autre territoire doit être désartific­ialisé. Nicolas Hulot est décidément attendu au tournant.

L’artificial­isation des sols grignote chaque année 0,8 % des terres.

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Nicolas Hulot doit présenter son plan pour la biodiversi­té ce mercredi.

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