20 Minutes

Ivre de joie, la Croatie fête la défaite

Fiers de leur équipe, les supporters réunis à Zagreb ont manifesté dignement leur joie

- De notre envoyé spécial en Croatie, Camille Allain

Ils nous avaient promis une énorme fête. Ils l’ont faite. Dimanche soir, au coup de sifflet final, les milliers de supporters croates rassemblés sur la place Jelacic, à Zagreb, ont donné de la voix pour féliciter leurs joueurs, battus en finale par l’équipe de France (4-2).

Vers 19 h, comme à chacun des buts de leur équipe, ils craquent des fumigènes, crient, chantent. « Je suis triste et content à la fois, c’est un sentiment étrange », estime Domagoj, quelques secondes après la fin du match. Autour de lui, des milliers de supporters ont revêtu la tenue à damier des Vatreni. « Ils méritaient d’être là. Je pense qu’on a manqué d’un peu de chance pour aller au bout. Ces gars sont énormes », poursuit le trentenair­e, la voix fatiguée. Comme lui, les milliers de supporters présents sur la place centrale n’ont pas mis longtemps à se consoler. Quasiment muets pendant tout le match, mis à part sur leurs deux buts, ils se sont brusquemen­t réveillés au coup de sifflet final. « C’est un grand succès. On n’avait pas été aussi bons depuis 98. Leur parcours est énorme », commente Matilda, une jeune Croate vivant à Bruxelles. Avec ses deux frères, Karlo et Jeronim, elle a passé une Coupe du monde de rêve. « Il y a de la tristesse bien sûr, mais tellement de fierté. » Riche de son parcours, la sélection croate a redonné le sourire à tout un pays. Un pays à l’histoire meurtrie et en proie à des difficulté­s économique­s, mais un pays resté « debout » pour applaudir ses joueurs.

«Cette finale, c’est déjà énorme pour notre pays.» Nikola, un supporter

Marchant sur un tapis de bouteilles de bières vides et de fumigènes cramés, Ivan a le regard un peu hagard. « «a me fait mal. Je ne sais pas si je préfère être deuxième ou troisième. Terminer sur une défaite, c’est dur. » Son voisin le serre dans ses bras. A côté, d’autres ont davantage le coeur à la fête. « On a enduré la guerre, on a construit ce pays. On a un coeur gros comme ça, et personne ne nous l’enlèvera. Cette finale, c’est déjà énorme pour notre pays », embraye Nikola, avant de nous doucher à la bière. Son pote nous offre son teeshirt, comme pour s’excuser. « La France, c’était solide. Bravo à vous », lance-t-il avec un grand sourire. On quitte finalement la place Jelacic sous un déluge de klaxons. Partout, sur les échafaudag­es, dans les fontaines, sur le toit des voitures, les Croates chantent à la gloire de leurs joueurs. Ce lundi, Modric, Rakitic et tous les autres rentreront au pays. Fêtés comme des héros.

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