20 Minutes

Questions sur la mort d’un antifa

Trois hommes liés à l’extrême droite sont jugés aux assises à partir de mardi pour les violences qui ont été fatales à Clément Méric

- Caroline Politi

Le 5 juin 2013, il est 18 h 43 lorsque Clément Méric s’écroule au milieu de la foule, à deux pas de la gare SaintLazar­e. L’étudiant à Sciences Po, 18 ans, est victime d’un oedème cérébral provoqué par des coups de poing au visage. L’altercatio­n n’a duré que 35 secondes. A quatre contre quatre. Militants antifas d’un côté, skinheads d’extrême droite de l’autre. Trois d’entre eux seront jugés à partir de mardi par la cour d’assises de Paris (lire l’encadré). « Les proches de Clément ne sont pas focalisés sur des peines. Ce qu’ils souhaitent, c’est que la vérité soit écrite noir sur blanc », insiste Me Cosima Ouhioun, l’avocate de la famille.

Le drame s’est noué en marge d’une vente privée. Les deux groupes s’y croisent par hasard. Les antifas sont ulcérés par la présence des skins : « Les nazis viennent faire leurs courses », lance l’un d’eux, en référence aux tee-shirts qu’ils arborent : « 100 % race pure » et « White Power ». A cet instant, ni la victime ni le principal accusé ne sont là.

Qui porte les premiers coups ?

Clément Méric rejoint ses amis au pied de l’immeuble, alors qu’ils « solliciten­t » des proches par téléphone. Les skins, restés à l’étage, font de même. Parmi les « renforts » appelés : Esteban Morillo, sympathisa­nt, comme eux, de Troisième Voie, groupuscul­e d’extrême droite, dissous depuis l’affaire. Bien qu’il ait affirmé aux juges n’être « ni raciste, ni nazi », il s’est fait tatouer sur le bras la devise du régime de Vichy, « travail, famille, patrie », avant de la faire recouvrir cet été. « Il n’en connaissai­t pas la symbolique», assure son avocat, Me Patrick Maisonneuv­e. Les uns comme les autres se rejettent la responsabi­lité des premiers coups. Esteban Morillo affirme que Clément Méric les a provoqués, puis s’est jeté sur lui, ce que nient les antifas. Il se serait alors senti «menacé » et reconnaît avoir donné deux coups. Il nie, en revanche, avoir porté un poing américain. Les médecins ne peuvent attester de l’usage de cette arme, mais plusieurs témoins affirment avoir vu un objet métallique sur sa main. Selon les juges d’instructio­n, Samuel Dufour, autre accusé, aurait porté au moins un coup à Clément Méric. Un antifa, présent ce jour-là, l’en disculpe pourtant. Le verdict est prévu le 14 septembre.

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La victime, qui étudiait à Sciences Po, était âgée de 18 ans.

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