Pour lui, ce procès est une « injustice »
Samuel Dufour, l’un des accusés au procès sur la mort de Clément Méric, se voit avant tout comme une victime du système
Il jure avoir tiré un trait sur son passé et ses anciennes fréquentations de Troisième Voie, groupuscule d’extrême droite à l’idéologie raciste. Mercredi, au deuxième jour du procès sur la mort de Clément Méric, jeune militant antifasciste tué lors d’une bagarre en juin 2013, la cour d’assises de Paris s’est penchée sur la personnalité de Samuel Dufour, accusé, comme Esteban Morillo, de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, en réunion et avec arme ». Il encourt vingt ans de réclusion criminelle. C’est vrai qu’au premier abord, le jeune homme de 25 ans qui s’est présenté à la barre n’a plus grand-chose à voir avec le skinhead qu’il était au moment de l’affaire. Ses cheveux rasés ont poussé, son bombers a été remplacé par un pull bleu marine. Il affirme avoir été introduit au sein de Troisième Voie par un « ami » alors qu’il avait 19 ans, s’y être régulièrement rendu « pour boire une bière, voir des copains ». A l’entendre, la politique est presque annexe. Ses tatouages témoignent pourtant d’une certaine inclination. Notamment une croix celte sur le torse. « Je l’ai faite parce que j’étais nationaliste », se défend-il. Ou encore la devise « sang et honneur » sur le bras. « C’était plus pour la famille. Je savais que c’était rattaché à un parti nazi, mais moi je n’étais pas nazi», explique-t-il, les mains appuyées contre la barre. Quid alors de cette clé USB contenant des photos d’Hitler ou de croix gammées retrouvée pendant la perquisition chez lui. Il n’en garde « aucun souvenir », mais reconnaît s’être intéressé au chancelier du IIIe Reich. « Par provocation », parce qu’il était « influençable ». Il affirme être aujourd’hui « très éloigné» du militantisme, mais dément pourtant mollement avoir tourné le dos à ses convictions nationalistes. S’il a rompu avec Troisième Voie, c’est d’abord parce qu’il est parti de Paris et que son contrôle judiciaire lui interdit tout contact avec ses membres, reconnaît-il.
A l’entendre, il est avant tout la victime d’une « injustice ». « Je suis jugé pour des coups sur Méric alors que je n’ai rien fait», se désole-t-il, peinant à ravaler ses larmes. S’il reconnaît avoir pris part à la bagarre, il nie avoir frappé le militant antifasciste et déplore une « justice au service de l’Etat ». A aucun moment pendant l’audience, il n’a un mot pour Clément Méric ou ses proches. A quelques mètres derrière, les parents de la victime écoutent, presque impassibles, l’accusé à peine plus âgé que leur fils à l’époque.
«Je suis jugé pour des coups sur Méric alors que je n’ai rien fait.» Samuel Dufour, coaccusé