20 Minutes

Le cas Sarkozy fait débat

La cour d’appel doit confirmer, ou non, ce jeudi, le renvoi de l’ancien président devant le tribunal correction­nel

- Vincent Vantighem

Il n’a pas pu s’empêcher de commenter cette photo le montrant, en 1976, au côté de Jacques Chirac. « La politique, c’est la vie. Mais ce n’est pas ce que vous croyez… », a-t-il lâché aux journalist­es de La Provence. Deux jours après avoir visité l’exposition « Manger à l’oeil » au Mucem à Marseille, Nicolas Sarkozy pourrait, ce jeudi, utiliser la même phrase, dans un contexte différent. L’ex-chef de l’Etat saura si la cour d’appel de Paris confirme, ou non, son renvoi devant le tribunal correction­nel dans l’affaire dite « Bygmalion ».

Des treize autres suspects concernés par cette procédure, il est celui qui encourt la peine la plus faible pour « financemen­t illégal de campagne électorale » : un an de prison et 3750 € d’amende. Mais il est aussi celui pour qui le symbole d’un passage devant un tribunal serait le plus infamant. Ses proches reconnaiss­ent qu’il s’agit « d’une journée qui n’aura rien d’une partie de plaisir », mais se veulent, tous, « confiants ». De fait, de tous les nuages qui obscurciss­ent son avenir – mise en examen dans l’affaire du financemen­t libyen, renvoi possible devant un tribunal dans l’affaire dite des écoutes – « Bygmalion » est sans doute le moins menaçant.

Des juges opposés

Dans ce dossier, Nicolas Sarkozy est poursuivi pour avoir dépassé le plafond autorisé des dépenses électorale­s de plus de 20 millions d’euros, en 2012, alors qu’il avait été informé d’un risque de dérapage, ce qu’il conteste. La facture totale s’était envolée à plus de 42,8 millions d’euros, soit près du double du seuil légal fixé à 22,5 millions. Selon le juge Serge Tournaire, ces dépenses étaient une « stratégie » claire « d’occupation maximale de l’espace médiatique et télévisuel, avec la multiplica­tion de meetings souvent spectacula­ires ». Mais le magistrat est le seul à le penser. En effet, au moment de signer l’ordonnance renvoyant Nicolas Sarkozy en justice, le juge a dû faire face à l’opposition de son confrère Renaud Van Ruymbeke, avec qui il instruisai­t cette affaire. Une brèche de l’instructio­n dans laquelle les avocats de l’ex-chef de l’Etat se sont évidemment engouffrés. C’est en raison de cette « inanité » que Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, a demandé à la cour d’appel d’annuler l’ordonnance le renvoyant devant le tribunal. D’autant que Nicolas Sarkozy a déjà été sanctionné pour ces faits, selon son avocat.

Citant le principe non bis in idem, il a plaidé que son client ne pouvait être jugé, et donc condamné, deux fois pour les mêmes faits. En 2013, Nicolas Sarkozy avait été sanctionné par le Conseil constituti­onnel pour avoir dépassé le plafond de dépenses autorisé par la loi. Sauf que l’institutio­n estimait alors à 363615 € le dépassemen­t, et non à 20 millions d’euros. Un point que l’avocat général a sans doute remarqué. Il a requis de confirmer le renvoi devant le tribunal de tous les mis en examen.

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Au coeur de l’affaire, les comptes de campagne 2012 de Nicolas Sarkozy.

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