La Mairie donne la Petite Ceinture pour se faire battre
Le projet de mise en valeur de l’ex-rocade ferroviaire est fortement contesté
« C’est un gros sujet politique », lance Florence Berthout, présidente du groupe LRI (Les Républicains et Indépendants) au Conseil de Paris, qui s’ouvre ce lundi. En cette session de rentrée, les élus de la capitale devraient s’écharper sur l’un des serpents de mer parisiens : l’avenir de la Petite Ceinture, cette ancienne rocade ferroviaire, longue de 32 km, autour de Paris.
La Mairie prévoit de faire voter le principe de la création d’une SAS (société par actions simplifiée) avec la SNCF, qui possède une partie du tronçon, afin de réhabiliter une vingtaine de sites – gares, tunnels, locaux techniques – mais également de créer de nouveaux espaces pour, potentiellement, y développer des activités commerciales. « Pour le moment, l’idée est de donner l’autorisation à la maire de saisir le Conseil d’Etat », et ainsi permettre la mise en place de cette coentreprise, explique Jean-Louis Missika, adjoint chargé de l’urbanisme. Mais de nombreux élus s’y opposent.
« Faire rentrer du cash »
« La Petite Ceinture doit rester cet espace de promenade et de respiration unique. Elle n’a pas vocation à devenir une artère commerçante avec son cortège de nuisances pour les riverains, dénonce Florence Berthout. Cette crainte est d’autant plus vive que la Ville souhaite une rentabilité maximale. Pour 1,65 million d’euros investis, elle demande à obtenir 4 millions de dividendes. » LFI, les Verts et les communistes contestent eux aussi le projet. « Cette SAS a pour objectif de faire rentrer du cash », s’insurge Danielle Simonnet, conseillère (LFI) de Paris. De plus, selon elle, « le conseil d’administration sera réduit, à parité entre la Ville et la SNCF. Les maires d’arrondissement, les élus de l’opposition ne pourront donc pas y siéger, et encore moins des représentants des habitants et du mouvement associatif. » Les communistes, qui prônent, eux, une exploitation du rail, se disent également « inquiets ». Tout comme le groupe écolo, qui souhaite que la Petite Ceinture reste un « projet d’espace vert, de préservation de la biodiversité, d’espace public ouvert librement à toutes et à tous ». « Nous n’avons pas l’intention de bétonner la Petite Ceinture », rassure Jean-Louis Missika.