Champion partout, sauf à la maison
Emmanuel Macron est reconnu dans ce dossier à l’échelle internationale, mais les actions de la France sont-elles pour autant suffisantes ?
« Champion de la Terre », rien que ça ! Emmanuel Macron recevra le prix ce mercredi soir à New York, des mains d’Erik Solheim, le directeur du Programme des Nations unies de l’environnement (PNUE). Une distinction qui récompense cinq à sept personnes reconnues comme leaders environnementaux exceptionnels et dont l’action est inspirante. Plus tôt dans la journée, le président français aura été désigné comme l’un des quinze grands ambassadeurs chargés de préparer le Sommet pour le climat, en septembre 2019.
Ces deux distinctions rendent compte de la grande estime en laquelle est tenu le chef d’Etat sur les questions climatiques. D’un point de vue international, en tout cas. Car bon nombre de Français critiquent sa politique environnementale, en témoignent les Marches pour le climat en septembre. La fameuse formule «Make our Planet great again», lancée en 2017 par Emmanuel Macron en riposte au retrait américain de l’Accord de Paris, est sans doute pour quelque chose dans cette stature internationale. Mais tout ne se résume pas non plus à un discours. «Par sa diplomatie active sur les enjeux climatiques et sa capacité à faire le lien entre les pays, Emmanuel Macron a gagné une certaine légitimité sur la scène internationale », reconnaît Pierre Cannet, responsable du programme climat à WWF France.
Des objectifs non atteints
La France a ainsi joué un rôle important dans la création, par exemple, de l’Alliance solaire internationale, en mai. Elle vise une meilleure exploitation de l’énergie solaire de sorte à faire baisser le recours aux énergies fossiles dans les 121 pays membres, parmi les plus ensoleillés au monde. Mais c’est surtout pour le One Planet Summit (la deuxième édition se tient à New York ce mercredi après-midi) qu’Emmanuel Macron reçoit le titre de «Champion de la Terre». Ce nouveau rendez-vous international, initié par la France et consacré à la finance verte, avait réuni une cinquantaine de chefs d’Etat en décembre dernier pour sa première édition et abouti à plusieurs annonces fortes. Comme celle de la Banque mondiale de ne plus financer des projets d’exploitation de pétrole et de gaz d’ici 2019. Lucile Dufour, responsable des relations internationales au Réseau action climat (RAC), reconnaît que la France est «extrêmement proactive», mais qu’elle n’est toujours pas sur la bonne trajectoire pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés. Celui, par exemple, de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030 par rapport à ceux de 1990. La France a ainsi dépassé son budget carbone de 6,7% l’an passé, selon l’observatoire Climat-Energie. «A [Emmanuel Macron], maintenant, de gagner en crédibilité», enjoint Pierre Cannet.