Rentrés en France pour commettre un attentat ?
Un père et son fils passés par la Syrie sont jugés à partir de ce jeudi
Devant les enquêteurs, Lofti S., 50 ans, n’en démordait pas. Certes, cet ingénieur de nationalité franco-tunisienne est parti en Syrie, en 2013, avec ses deux fils, Karim, 18 ans, et MohamedEmine, 15 ans. Mais ce n’était pas pour rejoindre Daesh, simplement pour retrouver le meilleur ami de Karim, Anass B., parti dans la zone irakosyrienne. A l’origine, le voyage était improvisé et ne devait durer que trois jours. En raison d’imprévus, ils seront restés sur place près de dix-huit mois. Version qui ne convainc pas la justice. Mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme, Lofti et son fils Karim comparaissent ce jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris. Mohamed-Emine sera jugé plus tard par un tribunal pour enfants. La juge d’instruction est persuadée que les trois hommes avaient prémédité leurs actions. Comment expliquer que l’appartement du père, radicalisé de longue date, ait été entièrement vidé avant leur départ, tout comme ses comptes en banque ? Comment expliquer, aussi, que l’ingénieur se renseignait depuis plusieurs mois sur Internet sur la manière de se rendre discrètement en Syrie depuis la Turquie? Comment expliquer, encore, que les trois hommes n’aient jamais fait part de leurs intentions à la famille du jeune qu’ils disaient vouloir retrouver ?
Documents compromettants
La juge est aussi persuadée que les mis en cause étaient bien plus impliqués au sein de Daesh que ce qu’ils admettent. Par exemple, sur eux ont été retrouvés, entre autres, « deux manuels de confection d’engins explosifs» et de la «documentation sur le pilotage d’avion», que l’accusation met en relation « avec la découverte tardive » de « recherches effectuées sur Google Maps sur la tour Eiffel et le pont d’Iéna ». Revenaient-ils en France pour commettre un attentat ? Lofti S. et son fils Karim encourent dix ans d’emprisonnement. Anass B., lui, aurait été tué au combat. La justice le jugera par défaut. Contactés par 20 Minutes, les avocats de deux prévenus n’ont pas donné suite.