«Les politiques sont là pour accompagner le culte musulman»
Le président du Conseil français du culte musulman, Ahmet Ogras, explique en quoi l’association vit une véritable transformation
La rentrée est plutôt chargée pour le Conseil français du culte musulman (CFCM) : après les assises territoriales de l’islam de France (organisées jusqu’à mi-septembre dans chaque département), l’association a réagi aux récentes préconisations de l’Institut Montaigne pour lutter contre le fondamentalisme. Elle prépare aussi le congrès des musulmans de France, le 25 novembre, à Paris. Une chose est sûre, le CFCM doit peaufiner sa stratégie de communication, reconnaît Ahmet Ogras, son président.
Les assises territoriales de l’islam ont été voulues par le ministère de l’Intérieur, et vous organisez un congrès des musulmans de France. Vous êtes-vous senti obligé d’obéir au gouvernement ?
Le culte musulman ne répond pas à des exigences des politiques. En revanche, les politiques sont là pour accompagner, et ne pas laisser d’espace libre aux populistes.
Quel bilan tirez-vous des assises ?
«a s’est très bien passé. Mardi, nous avons déjeuné avec le ministre de l’Intérieur, qui a reçu un quart des synthèses faites par les préfets. Le CFCM est en train de se réformer, il doit être encore plus professionnel. Le seul souci, c’est la communication. Nous ne savons pas communiquer. C’est le défi pour les prochaines années.
Le rapport de l’Institut Montaigne propose une taxe sur les produits alimentaires halal pour financer, entre autres, la construction des mosquées. Qu’en pensez-vous ?
Quand on parle du mot taxer, cela montre que l’on veut faire de l’ingérence. L’auteur de ce rapport [Hakim El Karoui, proche d’Emmanuel Macron] donne des mesures, mais de mauvaises mesures. C’est un lobbyiste qui a une feuille de route. Son rapport n’a pas été relayé par des partis républicains, mais par l’extrême droite.
Comment mieux tracer les flux qui financent l’islam ?
Aujourd’hui, le suivi se fait. Il faut que les 2500 mosquées de France relèvent le plus possible du statut de la loi de 1901. Avec le déficit d’image qu’ont l’islam et les musulmans en France, il faut que nous en fassions plus. S’il se passe quelque chose d’illégal dans un lieu de culte, j’invite les pouvoirs publics à appliquer les lois.
Hakim El Karoui rappelle que des cours d’arabe sont donnés dans les mosquées. Quel est l’état de l’enseignement de l’arabe ?
L’arabe, c’est la langue de l’avenir, des débouchés professionnels. Son enseignement est assez institutionnalisé. Ce sont ceux qui n’ont pas eu accès à des cours au sein de l’école de la République qui se tournent vers les mosquées.