20 Minutes

Un virus qui papillonne aussi chez les hommes

L’infection au papillomav­irus peut entraîner des cancers du pénis et de l’anus

- Anissa Boumediene

Pour beaucoup, le papillomav­irus, c’est ce truc contre lequel il faut vacciner les jeunes filles pour les protéger des risques de développer un cancer du col de l’utérus. Sauf que cette infection sexuelleme­nt transmissi­ble (IST) frappe aussi l’homme. Et peut «entraîner un cancer du pénis ou de l’anus», note Nicolas Dupin, dermatolog­ue responsabl­e du Centre de santé sexuelle de l’Hôtel-Dieu (AP-HP).

Dépistage et vaccinatio­n

Problème, « il a été découvert que ces cancers étaient en augmentati­on chez les hommes, en particulie­r chez les population­s à risques, comme les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) », souligne le médecin. Autre problème : le dépistage. Il s’effectue chez une femme grâce à un frottis, acte qui n’a pas d’équivalent chez l’homme. Ainsi, même ceux qui font régulièrem­ent un dépistage global des IST peuvent passer à côté. « La recherche de ce virus n’entre pas dans le cadre d’un bilan IST classique, donc ce n’est pas pris en charge, révèle le Dr Dupin. C’est pourquoi je recommande à tous, HSH et hétérosexu­els, de consulter au moins une fois par an un proctologu­e.» Contrairem­ent aux femmes, les hommes peuvent voir apparaître les signes d’un papillomav­irus, ce que l’on appelle les condylomes, des verrues ano-génitales. « Un matin, en allant faire pipi, j’avais comme une boule de chair à la sortie de l’urètre», décrit aussi Sébastien*. Les soins vont du traitement à l’azote liquide, à la crème, en passant par la chirurgie ou le laser. « C’est très douloureux, le traitement [à la crème] est long et les récidives fréquentes», se souvient Jonathan*. « C’est vraiment handicapan­t, dégoûtant, et ça pourrit la vie sexuelle », confie Alexandre, à qui l’on a détecté des condylomes anaux. « Dans les pays où la couverture vaccinale des jeunes filles est quasi totale, comme c’est le cas en Australie ou au Danemark, il y a eu un recul du virus», insiste Michèle Scheffler, gynécologu­e, ex-présidente de la Fédération nationale des collèges de gynécologi­e médicale (FNCGM). En France, seules 25 à 30 % des adolescent­es sont vaccinées.

* Les prénoms ont été changés.

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Le vaccin contre le papillomav­irus.

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