Un virus qui papillonne aussi chez les hommes
L’infection au papillomavirus peut entraîner des cancers du pénis et de l’anus
Pour beaucoup, le papillomavirus, c’est ce truc contre lequel il faut vacciner les jeunes filles pour les protéger des risques de développer un cancer du col de l’utérus. Sauf que cette infection sexuellement transmissible (IST) frappe aussi l’homme. Et peut «entraîner un cancer du pénis ou de l’anus», note Nicolas Dupin, dermatologue responsable du Centre de santé sexuelle de l’Hôtel-Dieu (AP-HP).
Dépistage et vaccination
Problème, « il a été découvert que ces cancers étaient en augmentation chez les hommes, en particulier chez les populations à risques, comme les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) », souligne le médecin. Autre problème : le dépistage. Il s’effectue chez une femme grâce à un frottis, acte qui n’a pas d’équivalent chez l’homme. Ainsi, même ceux qui font régulièrement un dépistage global des IST peuvent passer à côté. « La recherche de ce virus n’entre pas dans le cadre d’un bilan IST classique, donc ce n’est pas pris en charge, révèle le Dr Dupin. C’est pourquoi je recommande à tous, HSH et hétérosexuels, de consulter au moins une fois par an un proctologue.» Contrairement aux femmes, les hommes peuvent voir apparaître les signes d’un papillomavirus, ce que l’on appelle les condylomes, des verrues ano-génitales. « Un matin, en allant faire pipi, j’avais comme une boule de chair à la sortie de l’urètre», décrit aussi Sébastien*. Les soins vont du traitement à l’azote liquide, à la crème, en passant par la chirurgie ou le laser. « C’est très douloureux, le traitement [à la crème] est long et les récidives fréquentes», se souvient Jonathan*. « C’est vraiment handicapant, dégoûtant, et ça pourrit la vie sexuelle », confie Alexandre, à qui l’on a détecté des condylomes anaux. « Dans les pays où la couverture vaccinale des jeunes filles est quasi totale, comme c’est le cas en Australie ou au Danemark, il y a eu un recul du virus», insiste Michèle Scheffler, gynécologue, ex-présidente de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM). En France, seules 25 à 30 % des adolescentes sont vaccinées.
* Les prénoms ont été changés.