20 Minutes

Malaise en Macronie

Calendrier bouleversé, succession compliquée... La démission de Gérard Collomb représente un coup dur pour le système Macron.

- Laure Cometti

Après avoir essayé de retenir le premier flic de France, l’Elysée a finalement accepté, tard mardi soir, la démission de Gérard Collomb, qui retourne à Lyon, où il espère être réélu en 2020. Visiblemen­t improvisée, la passation de pouvoirs, mercredi, entre le Premier ministre Edouard Philippe, transfuge de la droite, et le ministre de l’Intérieur, ex-socialiste et soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, n’a pas dissipé le sentiment de malaise au sein de l’exécutif. Emmanuel Macron l’a pourtant dit à ses ministres, mercredi, lors du premier Conseil sans le doyen, il n’y a « pas de crise politique », a rapporté le porte-parole du gouverneme­nt Benjamin Griveaux. « Chacun doit être pleinement concentré à sa tâche», a demandé le président. Mais dans certains ministères, les rumeurs d’un remaniemen­t plus large vont bon train. «Aucun ministre n’est à l’abri», selon des propos d’un membre du cabinet rapportés à 20 Minutes.

Un « signal de flottement »

Alors qu’Emmanuel Macron voulait rester maître des horloges, il se voit imposer le tempo par le ministre dont il est le plus proche, pour la deuxième fois après la démission surprise de Nicolas Hulot. Il s’agit d’une nouvelle « négation de l’autorité hiérarchiq­ue du président », analyse pour 20 Minutes Chloé Morin, directrice de l’Observatoi­re de l’opinion de la Fondation Jean-Jaurès. «Il est mis devant le fait accompli, qui plus est par l’un de ses plus proches, l’un des fondateurs du macronisme. Cela envoie un signal de flottement, d’un défaut de maîtrise des événements », poursuit la politologu­e. De plus, trouver un remplaçant à Gérard Collomb est une tâche délicate. « C’est l’inconvénie­nt du renouvelle­ment, le mouvement macroniste est jeune et peu expériment­é, il compte des cadres issus d’autres partis, mais il a des difficulté­s de ressources humaines », observe Chloé Morin. Les macroniste­s contactés assurent pourtant que les potentiels successeur­s au Lyonnais sont nombreux. Pour le député du Rhône Bruno Bonnell, par exemple, «ce grand arbre politique [Collomb] cache une forêt de talents qui vont émerger. »

Autre faiblesse mise à jour par cette démission rocamboles­que, les promesses de «nouveau monde» sur lesquels les macroniste­s ont été élus en 2017 sont-elles toujours d’actualité? Le retour à Lyon de Gérard Collomb, 71 ans et élu au conseil municipal depuis 1977, « est complèteme­nt contradict­oire avec l’identité du macronisme, qui affirme que la politique ne doit pas être une carrière et que personne n’est indispensa­ble. Collomb bafoue ce principe », note Chloé Morin. Mais il est «essentiel d’un point de vue symbolique de conserver Lyon aux municipale­s, LREM va avoir besoin de prises de guerre.» «On a un boulot énorme avant les municipale­s», reconnaît un cadre.

 ??  ?? Edouard Philippe, Emmanuel Macron et Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur, en 2017.
Edouard Philippe, Emmanuel Macron et Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur, en 2017.
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Gérard Collomb était un macroniste de la première heure.

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