Les Gafa face au défi de la consommation d’énergie
Google, Apple ou Facebook ont encore des progrès à réaliser pour limiter leur consommation d’énergie
Ordinateurs, data centers, réseaux... Ils engloutissent près de 10 % de la consommation mondiale d’électricité. Alors que les experts climat de l’ONU ont remis, lundi, un rapport sur l’urgence de l’action pour lutter contre le réchauffement climatique, les géants de la tech – Google, Apple et Facebook en tête – qui assurent avoir pris un virage écolo depuis des années, ont plus que jamais un rôle à jouer, alors que « la consommation énergétique du numérique augmente de 8,5 % par an, rapporte une étude de The Shift project. Sa part dans la consommation mondiale d’électricité pourrait même atteindre 20 % à 50 % en 2030. »
Le mois dernier, lors de l’ouverture de son data center en Irlande, Facebook a réaffirmé son ambition : alimenter tout son réseau grâce aux énergies vertes d’ici à 2020. Miser sur les énergies renouvelables est un premier pas, mais cela pose d’autres problèmes. « Les entreprises du numérique ont tendance à croire qu’elles évoluent dans un monde d’énergies renouvelables infinies, observe Mathieu Saujot, coordinateur de l’initiative Transition numérique et écologie à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Or, on ne peut pas mettre des panneaux solaires ou des éoliennes partout pour répondre à une demande croissante d’électricité (...). Il faudrait que ces entreprises donnent des objectifs sur la demande. »
L’une des grandes parts de l’empreinte énergétique du numérique provient de la production du matériel. La fabrication d’un smartphone, de l’extraction des minerais à l’assemblage final, est responsable d’environ trois quarts de son impact sur l’environnement, précise l’Ademe. Mathieu Saujot prend aussi l’exemple de Netflix. « Un système où on peut tous avoir accès à tous les films en permanence est-il une bonne architecture ? » Pour cet ingénieur de l’Iddri, il faut chercher du côté de la sobriété et de la frugalité des outils technologiques afin de diminuer la consommation énergétique.
« Il y a probablement des moyens de faire les mêmes choses avec moins d’énergie, témoigne Paul Benoît, fondateur de Qarnot Computing. Pour cela, il faut de la transparence et un peu plus de volonté des Gafa et des institutions internationales. » Les auteurs du livre blanc Numérique et Environnement ont, eux, préconisé d’allonger à cinq ans la durée de garantie des équipements numériques et de généraliser un affichage durabilité (empreinte environnementale, niveau de réparabilité, disponibilité de pièces détachés…). La balle est aussi dans le camp des Gafa.
Facebook veut, d’ici à 2020, alimenter tout son réseau avec les énergies renouvelables.