Y a encore du travail
Age de départ, fin des régimes existants, système à points... Les pistes avancées par le gouvernement sur sa réforme des retraites font naître de nombreuses craintes. Les manifestants descendus dans la rue, mardi, attendent d’être rassurés.
Ils étaient des milliers, mardi, un peu partout en France, à descendre dans la rue pour réclamer une politique sociale plus juste à Emmanuel Macron. Dans le cortège parisien (fort de 11 500 personnes selon la préfecture de police, 21500 selon le cabinet Occurrence), les syndicalistes de la CGT, FO ou encore Solidaires ont côtoyé les étudiants, infirmiers et aides-soignantes venus dénoncer la «casse sociale» menée selon eux par le gouvernement. Les réformes à critiquer ne manquent pas : celles de la fonction publique, de l’assurancechômage, mais aussi des retraites. Autant de points qui seront sans doute abordés ce mercredi, lors d’une rencontre entre les partenaires sociaux, la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, et Jean-Paul Delevoye, le hautcommissaire chargé de la réforme des retraites.
Dans le cortège parisien, l’évocation du projet voulu par le chef de l’Etat – un système de retraite «universel» – a laissé plutôt sceptique. «Vous et moi, on n’aura plus le droit à la retraite ! «a n’existera plus, s’exclame Nathalie, venue de Seine-et-Marne. Le gouvernement a supprimé les cotisations maladie et chômage [en octobre pour les salariés]. Bientôt, ils retireront les cotisations vieillesse, donc il n’y aura plus personne pour cotiser!
Le projet présidentiel prévoit de remplacer tous les régimes existants – une quarantaine actuellement – par un système où «un euro cotisé donne les mêmes droits (…), quel que soit le statut de celui qui a cotisé ». Ce qui, là non plus, n’a pas convaincu. « On ne peut pas faire un système universel avec autant de métiers différents, peste Inès, étudiante. Vous voyez un policier ou un pompier travailler jusqu’à 62 ans, voire plus?»
Un « âge pivot » ?
Le gouvernement semble se diriger vers un système par points. Dans ce cas, toutes les années de la vie professionnelle seraient prises en compte pour calculer la pension de retraite. Pour les syndicats, cela reviendrait à pénaliser les carrières hachées ou précaires, puisque les personnes ne travaillant pas (ou peu), même pendant quelques années, auraient moins de points au final. Et comme la valeur du point serait la même pour tous, les travailleurs exposés à un métier pénible devraient, en théorie, travailler aussi longtemps que les autres. Face à ces critiques, Emmanuel Macron a déjà rappelé que la pénibilité « sera[it] prise en compte », sans plus de précisions pour le moment. L’autre questionnement concerne l’âge de départ à la retraite. Le gouvernement l’a répété, il ne veut pas toucher à l’âge légal, fixé à 62 ans. Mais il pourrait, selon des informations du Monde et des Echos, ajouter un « âge pivot », qui donnerait droit à une retraite à taux plein. Autrement dit, il serait toujours possible de partir à 62 ans, mais, si l’âge pivot était fixé à 63 ans, la personne subirait une décote pendant un an.