20 Minutes

Un maire justicier sur la défensive

Richard Trinquier était jugé pour avoir menacé avec un katana des gens du voyage installés illégaleme­nt sur sa commune de Wissous

- Caroline Politi

Il régnait une ambiance de conseil municipal, mercredi après-midi, au tribunal correction­nel d’Evry (Essonne). De nombreux soutiens de Richard Trinquier, le maire de Wissous, avaient fait le déplacemen­t pour soutenir l’édile, jugé notamment pour violence volontaire avec menace ou usage d’une arme. L’élu Debout la France était poursuivi pour, en avril, avoir brandi un sabre japonais lors d’une altercatio­n avec des gens du voyage qui venaient de s’installer illégaleme­nt sur un parking de sa commune – l’un d’entre eux comparaiss­ait aussi.

« J’étais en danger de mort », a inlassable­ment répété Richard Trinquier, 69 ans. A l’en croire, dès son arrivée sur le terrain, ses interlocut­eurs se sont montrés particuliè­rement menaçants. « A tel point, que j’ai dû faire usage de mon katana », a-t-il précisé. Cette arme, dont il s’est muni en partant de chez lui, « c’était un choix exclusivem­ent défensif », une manière de les impression­ner. D’ailleurs, a-t-il affirmé, il ne l’a sortie que partiellem­ent de son étui pour laisser apparaître la lame. En dépit du katana, et de la présence de policiers municipaux sur place, un homme a pointé le canon de son fusil en sa direction, un second (le prévenu) avait en main un fusil, certes, pas fermé, mais chargé. Un vrai « guet-apens » aux yeux de l’élu.

« Guignolesq­ue »

Pourquoi ni lui, ni les témoins n’avaient jamais mentionné, avant l’audience, ce groupe d’hommes menaçants, s’est étonné le procureur. Selon Richard Trinquier, les fonctionna­ires de la police nationale n’auraient retranscri­t que partiellem­ent son audition. A la barre, David C., l’autre prévenu, a soutenu, lui, mimes à l’appui, que l’élu a immédiatem­ent sorti son «sabre» puis «a couru vers [eux] avec son épée ». Une version qu’un policier municipal avait confirmée le soir des faits. Mais que, mercredi, il a contredite à la barre du tribunal. Quant au fusil, David C. a reconnu s’être emparé de l’arme dans sa caravane, «mais parce que [le maire] tentait de forcer l’entrée». Et de préciser : « Je n’avais pas de douilles dans le fusil, c’était simplement pour lui faire peur. » Tout au long de l’audience, Richard Trinquier n’a eu de cesse de se faire passer pour un justicier. «Il faut du courage pour faire ce que je fais», a-t-il clamé, se comparant à un « soldat qui défend sa nation». Son interventi­on visait à pallier les carences de la police nationale, « qui ne fait pas son travail ». Le procureur a fustigé le comporteme­nt à la «Kill Bill» de Richard Trinquier, qui donne à la fonction d’édile un «côté guignolesq­ue», et a requis à son encontre quatre mois de prison avec sursis et 1 500 € d’amende. Jugement le 21 novembre.

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L’élu Debout la France risque quatre mois de prison avec sursis.

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