Un maire justicier sur la défensive
Richard Trinquier était jugé pour avoir menacé avec un katana des gens du voyage installés illégalement sur sa commune de Wissous
Il régnait une ambiance de conseil municipal, mercredi après-midi, au tribunal correctionnel d’Evry (Essonne). De nombreux soutiens de Richard Trinquier, le maire de Wissous, avaient fait le déplacement pour soutenir l’édile, jugé notamment pour violence volontaire avec menace ou usage d’une arme. L’élu Debout la France était poursuivi pour, en avril, avoir brandi un sabre japonais lors d’une altercation avec des gens du voyage qui venaient de s’installer illégalement sur un parking de sa commune – l’un d’entre eux comparaissait aussi.
« J’étais en danger de mort », a inlassablement répété Richard Trinquier, 69 ans. A l’en croire, dès son arrivée sur le terrain, ses interlocuteurs se sont montrés particulièrement menaçants. « A tel point, que j’ai dû faire usage de mon katana », a-t-il précisé. Cette arme, dont il s’est muni en partant de chez lui, « c’était un choix exclusivement défensif », une manière de les impressionner. D’ailleurs, a-t-il affirmé, il ne l’a sortie que partiellement de son étui pour laisser apparaître la lame. En dépit du katana, et de la présence de policiers municipaux sur place, un homme a pointé le canon de son fusil en sa direction, un second (le prévenu) avait en main un fusil, certes, pas fermé, mais chargé. Un vrai « guet-apens » aux yeux de l’élu.
« Guignolesque »
Pourquoi ni lui, ni les témoins n’avaient jamais mentionné, avant l’audience, ce groupe d’hommes menaçants, s’est étonné le procureur. Selon Richard Trinquier, les fonctionnaires de la police nationale n’auraient retranscrit que partiellement son audition. A la barre, David C., l’autre prévenu, a soutenu, lui, mimes à l’appui, que l’élu a immédiatement sorti son «sabre» puis «a couru vers [eux] avec son épée ». Une version qu’un policier municipal avait confirmée le soir des faits. Mais que, mercredi, il a contredite à la barre du tribunal. Quant au fusil, David C. a reconnu s’être emparé de l’arme dans sa caravane, «mais parce que [le maire] tentait de forcer l’entrée». Et de préciser : « Je n’avais pas de douilles dans le fusil, c’était simplement pour lui faire peur. » Tout au long de l’audience, Richard Trinquier n’a eu de cesse de se faire passer pour un justicier. «Il faut du courage pour faire ce que je fais», a-t-il clamé, se comparant à un « soldat qui défend sa nation». Son intervention visait à pallier les carences de la police nationale, « qui ne fait pas son travail ». Le procureur a fustigé le comportement à la «Kill Bill» de Richard Trinquier, qui donne à la fonction d’édile un «côté guignolesque», et a requis à son encontre quatre mois de prison avec sursis et 1 500 € d’amende. Jugement le 21 novembre.