20 Minutes

Le calvaire des patients allergique­s aux antidouleu­r

Quelques solutions existent pour soulager la douleur des personnes allergique­s aux médicament­s

- Anissa Boumediene

Etre allergique aux noisettes ou aux poils de chat, c’est contraigna­nt. Mais, a priori, en lisant bien les étiquettes au supermarch­é et en se tenant à distance des félins, on peut éviter la crise. En revanche, ne pas pouvoir soulager une migraine parce que l’on est allergique aux antalgique­s ou aux anti-inflammato­ires, ça, c’est une autre paire de manches. A l’occasion, ce lundi, de la Journée mondiale contre la douleur, 20 Minutes a cherché des solutions.

Allergie ou intoléranc­e ?

Tout d’abord, il convient de déterminer s’il s’agit bien d’une allergie à un médicament, et non pas d’une «simple» intoléranc­e alimentair­e ou réaction métaboliqu­e entraînant des effets indésirabl­es. Parfois, « c’est l’un des excipients d’un médicament qui peut entraîner une réaction, le lactose, par exemple », indique Delphine Lhuillery, algologue, médecin spécialist­e de l’évaluation et du traitement de la douleur. C’est le cas pour Aline, qui doit se rabattre sur « du paracétamo­l en gélule sans lactose ». Mais, s’il s’agit d’une véritable allergie, alors «la molécule en question sera strictemen­t interdite au patient, définitive­ment», souligne pour sa part Sophie Silcret-Grieu, allergolog­ue. Pour lever le doute, et «si l’éviction du médicament est problémati­que, notamment en cas de maladie inflammato­ire, le premier réflexe est de faire pratiquer un bilan allergolog­ique complet », prescrit-elle. Il doit être réalisé en service hospitalie­r d’allergolog­ie. C’est d’ailleurs ce qui attend Morgane. La jeune femme de 27 ans est «allergique aux anti-inflammato­ires non stéroïdien­s (AINS), à l’aspirine, au paracétamo­l ainsi qu’à la lidocaïne. Je n’ai aucun moyen de soulager les douleurs, puisque, à cause de ces allergies, je suis sujette aux oedèmes de Quincke. »

Cas plus rare, celui de Françoise*, septuagéna­ire allergique au curare. « J’avais 30 ans, et je devais subir une interventi­on chirurgica­le. On m’a injecté l’anesthésiq­ue et, là, j’ai fait un arrêt cardiaque. » Quarante ans plus tard, rien n’a évolué pour elle : «Si j’ai une urgence, on ne peut rien faire pour moi. » Médecin anesthésis­te à l’hôpital Saint-Joseph à Paris, Marc Galy affirme toutefois que l’on peut endormir ce type de patient sans curare, en « ayant recours à l’anesthésie loco-régionale », ou encore à l’hypnose chirurgica­le.

Reste une question : lorsque l’allergie a été reconnue, comment soulager la douleur ? La Dr Delphine Lhuillery liste une série de solutions qui permettent d’éviter de prendre un médicament en particulie­r : utiliser un autre produit (les antidépres­seurs peuvent agir sur les douleurs neuropathi­ques), l’acupunctur­e, l’électrosti­mulation, qui peut être prescrite en séance ou via des appareils trouvés dans le commerce (Livia, Bluetens, Paigone…).

* Le prénom a été changé.

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La Journée mondiale contre la douleur a lieu ce lundi.

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