20 Minutes

La nature rendue à la vie sauvage

Une associatio­n acquiert des terrains qu’elle transforme en réserves naturelles libres de toute exploitati­on humaine

- Fabrice Pouliquen

Une forêt ancienne, des falaises, une rivière qui s’éparpille en rus et alimente mares et étangs… Dans le massif du Vercors, un havre de paix de 490 ha est à vendre. Et l’Associatio­n pour la protection des animaux sauvages et du patrimoine naturel (Aspas) espère bien en être le nouveau propriétai­re (lire l’encadré). Pourquoi? Pour rien. Enfin, pour ne rien y faire, tout juste dévier la chute d’un arbre de sorte à ce que les promeneurs circulent sans encombre. Inutile de préciser que toute autre activité humaine (chasse, pêche, coupes de bois…) sera bannie. Pour le reste, la nature se débrouille­ra toute seule, selon le principe de la libre évolution : «Elle en est parfaiteme­nt capable, du moment qu’on lui laisse le temps, assurent Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet, professeur­s agrégés de science naturelle et administra­teurs de l’Aspas. Les forêts et bon nombre d’animaux étaient sur Terre bien avant nous et se géraient déjà très bien.»

Cerfs, chamois, chevreuils...

L’Aspas n’en est pas à son coup d’essai. C’est même devenu sa marque de fabrique : transforme­r les terrains qu’elle achète, ou qu’on lui lègue, en réserves de vie sauvage. Elle en gère déjà quatre (dans la Drôme, les Côtesd’Armor, l’Hérault), soit 700 ha au total. Les animaux apprécient. A la réserve du Grand Barry (la première qui a été ouverte, en 2012), l’Aspas a observé « une riche biodiversi­té, avec des cerfs, des chamois, des chevreuils…, note Gilbert Cochet. Surtout, on les voit évoluer en pleine journée, alors qu’ils vivent la nuit dans les zones où ils sont chassés. » Les animaux (re)rennent confiance donc. Au point d’être en surpopulat­ion, ce qui donnerait un argument supplément­aire aux chasseurs qui se présentent comme l’un des pivots pour la régulation des espèces ? « La nature sait s’autogérer », insiste Béatrice Kremer-Cochet, qui s’appuie sur l’exemple du canton de Genève, qui n’est pas confronté au problème bien que la chasse y soit interdite depuis quarante ans. L’Aspas en est convaincue, on gagnerait beaucoup à «ré-ensauvager» la France. A ce jour, 1,7% du territoire est sous protection forte, soit « géré selon les niveaux de protection les plus élevés de l’Union internatio­nale pour la conservati­on de la nature», indique Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnem­ent. Le cap des 2 % aurait déjà dû être atteint, si la France avait tenu ses engagement­s pris lors du Grenelle de l’environnem­ent (2007). « Mais, depuis la création du parc national des Calanques en 2012, la stratégie de création des aires protégées est en panne », constate Jean-David Abel.

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Une vue de la réserve que souhaite créer l’Aspas dans le Vercors.

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