Cinéma
« Yéti & compagnie », une vraie réflexion sur les fake news
On craque pour les boules de poils de Yéti & compagnie. Le cinéaste Karey Kirkpatrick a inversé les rôles dans ce conte animé : ce sont les créatures velues qui ne croient pas à l’existence des « petits pieds », les êtres humains, dont la simple évocation leur fait peur. Seul un groupe de yétis marginaux, formant une confrérie secrète, rêve de les rencontrer. « L’animation constitue une façon géniale de faire réfléchir les enfants, mais aussi les parents », explique le réalisateur de Nos voisins, les hommes à 20 Minutes. Ici, il s’en prend frontalement aux fake news et aux idées reçues pour livrer une ode au vivre-ensemble. Julien Doré, Oxmo Puccino et Amel Bent prêtent leurs voix aux personnages dans la version française.
« Migo, mon héros, n’hésite pas à mettre sa position auprès des siens en péril pour les libérer de croyances infantilisantes, explique Karey Kirkpatrick. Il me fait penser à ces journalistes courageux mettant en jeu leur sécurité pour faire triompher la vérité. » Ce grand nounours tout blanc copine avec Percy, un reporter humain soucieux de son audience. Ce dernier va retrouver le sens des valeurs à son contact. Les aventures des amis dans la tribu de yétis et dans une ville humaine réservent leur lot de gags et de moments tendres. La tribu de ces créatures est régie par un sorcier qui croit protéger ses concitoyens en les maintenant dans l’ignorance. « On peut y voir un rapport avec le monde actuel, s’amuse Karey Kirkpatrick, mais il est aussi possible de prendre le film au premier degré et de s’amuser tout simplement. » Les tablettes où sont inscrites les lois que doivent respecter les yétis leur semblent absurdes quand ils découvrent que certains humains peuvent être fréquentables. Il leur faut alors se livrer à une réflexion bénéfique sur leurs coutumes ancestrales. « En découvrant la vérité, ils apprennent à faire le tri entre les différentes informations qu’on leur fournit, insiste le cinéaste. C’est ce que nous devrions tous faire face au flot de nouvelles que nous recevons ! »
Pour faire passer son message, Karey Kirkpatrick a choisi un graphisme chaleureux tranchant avec l’univers enneigé des créatures. Le look de ces derniers est une vraie réussite, entre Monstres & Cie et Hôtel Transylvanie. Ces yétis pourraient bien devenir vos nou- veaux amis.
« Il est aussi possible de prendre le film au premier degré et de s’amuser tout simplement.» Karey Kirkpatrick, cinéaste