Homophobie
Plusieurs agressions ont eu lieu récemment alors que la police enregistre une baisse des faits constatés
Le scénario semble se répéter. Mardi soir, Guillaume Mélanie, le président d’Urgence Homophobie, a été victime d’une agression homophobe alors qu’il sortait d’un restaurant parisien avec des amis. Selon son témoignage sur Twitter, un homme les a pris à partie, les a insultés, puis lui «en a collé une». Un coup dans le nez si violent que celui-ci s’est brisé. Peu avant, dans le 15e, deux hommes étaient placés en garde à vue dans le cadre d’une plainte pour « violences volontaires en réunion à caractère homophobe». Ils sont soupçonnés d’avoir frappé un jeune homme à la sortie d’un bus, dimanche soir. Quelques jours auparavant, un couple de femmes était pris pour cible place de la République. Cette succession d’agressions est-elle le signe d’un regain d’homophobie dans la capitale?
Non, à en croire les derniers chiffres communiqués par la préfecture de police de Paris, qui concernent la capitale ainsi que les trois départements de la petite couronne. Les faits constatés au cours des neuf premiers mois de 2018 dénotent plutôt une baisse des agressions homophobes : elles étaient au nombre de 151 contre 171 pour la même période en 2017 (-11,7%). De même, le nombre de victimes enregistré est passé de 164 à 154 sur cette période. « Avec l’avènement des réseaux sociaux, les victimes osent davantage parler de ce qu’elles ont vécu, et leurs témoignages en appellent d’autres», analyse le président de SOS Homophobie, Joël Deumier.
Tous ne portent pas plainte
En 2013, peu avant le vote de la loi ouvrant le mariage aux couples du même sexe, Wilfried, un Néerlandais passé à tabac avec son compagnon en plein Paris, avait été l’un des premiers à afficher publiquement sur les réseaux le « visage de l’homophobie ». Depuis, d’autres victimes ont suivi son exemple. Mi-septembre, Arnaud a publié sur Facebook la photo de son oeil au beurre noir. «Avec Rémi [son compagnon], on s’est dit qu’il valait mieux utiliser ce qu’on avait subi pour faire évoluer les mentalités, ouvrir le débat», confiait-il à 20 Minutes. Toutefois, « un certain nombre de victimes ne se rendent pas à la police», précise Joël Deumier. Certaines préfèrent cacher leur orientation sexuelle, craignent de ne pas être pris au sérieux ou, parfois, minimisent leur statut de victime. De plus, « les violences ne se résument pas aux plaintes », insiste le président de SOS Homophobie. L’an dernier, l’association a enregistré une augmentation de 15% des actes physiques signalés à leurs services (sur toute la France). Et, en septembre, la ligne d’écoute qu’elle a déployée a enregistré 37 % d’appels en plus par rapport à l’an passé. Le retour du débat sur la PMA fait ressurgir de mauvais souvenirs. «On ne veut pas revivre la vague de haine de la Manif pour tous», confie Joël Deumier. En 2013, les actes homophobes enregistrés par SOS Homophobie avaient bondi de 78 %. Bain de foule à Bondy pour Kylian Mbappé. L’attaquant du PSG s’est rendu mercredi à Bondy (SeineSaint-Denis), sa ville natale, où des milliers de personnes l’ont acclamé. « J’espère qu’un jour l’un de vous sera à ma place ici et que je viendrai l’acclamer », a modestement déclaré Mbappé.