«Une secte avec son gourou»
Une autre ex-employée de l’élu s’est présentée, jeudi, comme sa « troisième victime »
La cour d’assises de Seine-Saint-Denis n’avait pas pu l’entendre lors du procès avorté en décembre. Lucile Mignon était donc particulièrement attendue. Jeudi à Bobigny, par visioconférence, l’ex-attachée parlementaire du député-maire de Draveil Georges Tron (LR), poursuivi par deux ex-employées pour «viols» et «agressions sexuelles» en réunion au côté de son adjointe Brigitte Gruel, s’est présentée comme la «troisième victime» de l’élu, celle «non reconnue» par la justice. Il fallait être attentif pour démêler, sept ans après le début de la procédure, les diverses versions livrées par Lucile Mignon aux enquêteurs. Recrutée en 2005 par Georges Tron, la fonctionnaire de 48 ans aujourd’hui a soutenu dans un premier temps l’élu lorsque l’affaire a éclaté en mai 2011. Soutien qui se traduira notamment par des menaces soufflées à Virginie Ettel, partie civile dans ce procès avec Eva Loubrieu, et qui lui vaudra d’être placée en garde à vue. «Un choc», a-t-elle raconté.
« En état de sidération »
A sa cinquième audition, l’attachée parlementaire finira par s’ouvrir : « Ce n’était pas à moi de porter ça, les menaces, les pressions (…) C’est à la demande de M. Tron que je suis allée voir Virginie Ettel. » Cette dernière, qu’elle a pourtant décrite durant les auditions comme «consentante», « mythomane » et « manipulatrice », est, depuis, devenue à ses yeux «victime de viol». Mais ce revirement va au-delà de sa considération tardive pour les accusations de son ancienne collègue et amie.
En octobre 2011, cinq mois après les deux premières plaintes, elle accuse Georges Tron de harcèlement moral après la perte de son statut de collaboratrice. Comme les deux plaignantes, elle fait alors le récit d’une séance de réflexologie avec le maire et Brigitte Gruel, séance acceptée pour soulager un mal de tête, et conclue par des caresses sur son pubis. Détail qu’elle n’avait pas précisé aux enquêteurs. «Je pensais qu’on ne m’aurait pas cru, j’étais une petite employée de mairie (…). J’étais en état de sidération, je ne pouvais pas parler.» Une scène «calquée » sur celle décrite par Virginie Ettel, dénoncera Georges Tron lors d’une audition. Au total, elle dit avoir été victime de «l’emprise» du maire et de Brigitte Gruel à deux reprises, ajoutant un troisième épisode de «baiser forcé».
Si les doutes et les approximations dans les dates fournies par Lucile Mignon affaiblissent la crédibilité de son témoignage aux yeux de la défense, les justifications sur son silence alimentent la thèse d’un «système Tron» pointé par les avocats des parties civiles. « C’est regrettable, mais c’est comme ça, on est sous l’emprise, on fait partie d’un système que je qualifierais quasiment de secte avec son gourou», a-t-elle expliqué. Pourquoi ne pas se joindre alors aux plaintes de ses ex-collègues ? «J’étais dans le déni (…) «a fait partie du stress posttraumatique (…). J’estimais que c’était mon combat, mon vécu.» En vain. Sa plainte sera classée sans suite par le parquet. Sarkozy se pourvoit en cassation pour éviter son procès. La cour d’appel de Paris a confirmé jeudi le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bygmalion, mais ce dernier a immédiatement fait savoir qu’il se pourvoyait en cassation.
Nouvelle péripétie sur le chemin de la fermeture de Fessenheim. La fermeture programmée de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) a connu une nouvelle péripétie jeudi, le Conseil d’Etat jugeant que la décision n’avait pas été « légalement prise ». Mais cela n’empêchera toutefois pas son arrêt d’ici à 2022.
Le gouvernement intervient dans le dossier Ascoval. La secrétaire d’Etat à l’Economie a indiqué jeudi que le gouvernement allait demander à un cabinet indépendant d’évaluer le site de l’aciérie d’Ascoval de Saint-Saulve (Nord), en redressement judiciaire, afin notamment de déterminer la crédibilité de la principale offre de reprise présentée à ce jour.