20 Minutes

Merkel va passer la main dans son parti et à la chanceller­ie

Politique La chancelièr­e allemande va lâcher les rênes de son parti, puis de l’Etat

- Laure Cometti

« Mutti » s’en va. Surnommée « maman », la chancelièr­e allemande Angela Merkel a annoncé lundi qu’elle quitterait la présidence de son parti, la CDU, qui doit être renouvelée en décembre. Son mandat actuel de chancelièr­e, démarré en mars, le quatrième depuis son arrivée au pouvoir en 2005, sera «le dernier», a-telle ajouté. Elle a également fermé la porte à une éventuelle poursuite de sa carrière politique au sein des institutio­ns européenne­s. Des décisions motivées par des revers électoraux et des choix tactiques.

« Il n’est plus possible de faire comme si rien ne s’était passé », a jugé Angela Merkel après l’élection régionale de dimanche en Hesse, qui avait valeur de test de popularité au plan national. Son parti, bien qu’arrivé en tête avec 27 % des votes, y a perdu plus de onze points par rapport au précédent scrutin. Il y a deux semaines, son camp avait déjà enregistré un résultat très décevant lors d’un autre scrutin régional, en Bavière, tandis que l’extrême droite anti-migrants, d’une part, et les écologiste­s, d’autre part, progressen­t fortement.

En perte d’autorité

Ce ras-le-bol découle beaucoup des querelles au sein du gouverneme­nt, et notamment du bras de fer sur la politique migratoire entre Angela Merkel et le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, membre de la CSU. Souhaitant un changement de politique migratoire, il a menacé de démissionn­er, mais a fini par rester. Cet épisode a entamé l’autorité de la chancelièr­e. «Elle a fait des erreurs, elle aurait dû le limoger, estime Ulrich Pfeil, professeur de civilisati­on allemande à l’université de Lorraine-Metz. Depuis la formation de ce gouverneme­nt, Merkel a chuté dans les sondages, et son parti aussi.»

En laissant la tête de ce dernier à quelqu’un d’autre, «elle espère que la CDU bénéficie d’un coup de jeune et se donne un profil plus net, analyse Hélène Miard-Delacroix, spécialist­e de l’Allemagne contempora­ine et professeur­e à la Sorbonne. C’est intelligen­t tactiqueme­nt, d’autant plus que ce scrutin interne était risqué pour elle. Angela Merkel est contestée en interne, par l’aile gauche et l’aile droite du parti. » La chancelièr­e a dit qu’elle irait au bout de son mandat actuel, en 2021, se justifiant par la nécessité de faire preuve de «responsabi­lité» à la tête du pays, dans un climat mondial et intérieur agité. En annonçant son départ dans deux ans, elle risque toutefois de souffrir d’une perte de crédibilit­é à l’internatio­nal, en Europe notamment, mais aussi à l’échelle nationale. «Il faut qu’elle arrive à garder l’autorité du chef de gouverneme­nt, tout en n’étant plus cheffe du parti. Cela va aussi dépendre de la grande coalition, va-t-elle se ressaisir ? » s’interroge Hélène Miard-Delacroix.

En 2019, des élections régionales auront lieu dans quatre Länder. «En cas de nouveau revers pour la CDU, cela peut fragiliser la chancelièr­e et on peut imaginer un départ anticipé », avance Ulrich Pfeil.

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Des revers électoraux, notamment, ont motivé la décision d’Angela Merkel.

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