La nature perd du terrain
Le dernier rapport du WWF, publié aujourd’hui, révèle une accélération de la disparition des animaux sauvages. Mais la situation n’est pas irréversible, selon l’ONG.
Se dirige-t-on vers une disparition du monde sauvage sur Terre? La question est à nouveau posée par WWF, qui publie ce mardi son rapport Planète vivante – tous les deux ans depuis 1998, l’ONG internationale fait un point sur l’état des populations d’animaux vertébrés dans le monde. Mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens… Le rapport 2018 s’est penché sur l’état de conservation de 16 700 populations représentant 4 005 espèces à travers le monde. Il en ressort un tableau général alarmant.
Dégragation et perte d’habitat
« Entre 1970 et 2016, les populations de vertébrés que nous avons étudiées ont chuté de 60% au niveau mondial, indique Pascal Canfin, directeur général de WWF France. Cette chute s’est accélérée ces dernières années. Le rapport Planète vivante de 2016, qui s’appuyait sur des données de 2014, constatait une baisse générale de 58 %, toujours par rapport à 1970. » Ces observations s’inscrivent dans la veine de l’étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences à l’été 2017. Elle concluait à un recul massif des animaux vertébrés sur Terre, au point de parler d’une «sixième extinction de masse des espèces ». La baisse moyenne mondiale est de 60 %. Or, les tropiques, l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale enregistrent des pertes plus importantes, de 89%. La dégradation et la perte d’habitat de ces animaux sauvages sont la première cause de leur déclin. « C’est l’artificialisation des sols, la déforestation en Amazonie pour la culture du soja ou en Asie pour celle de l’huile de palme », illustre Pascal Canfin. Suit la surexploitation des ressources de la mer. Depuis plus de vingt ans, les captures mondiales de poisson stagnent autour de 100 millions de tonnes par an alors que les capacités de pêche (nombre et puissance des bateaux) ne cessent d’augmenter. Sur terre aussi, la surexploitation est une menace. Via le braconnage notamment : « Le trafic d’ivoire cause la mort de 20 000 à 30000 éléphants chaque année [près de 100 par jour]», évalue WWF. Enfin, les espèces invasives, la pollution, le changement climatique complètent le tableau des menaces.
Si les chiffres inquiètent, la situation n’est pas désespérée, insiste WWF. «Il n’y a pas de solutions, aujourd’hui, pour retirer de l’atmosphère le surplus de gaz à effet de serre, rappelle Pascal Canfin. Mais, si l’on préserve la biodiversité, alors la nature repart très vite.» Les pandas sauvages en Chine, les saumons de la Loire, les thons rouges en Méditerranée… Plusieurs espèces ont vu leurs populations renaître grâce à l’arrêt de la pêche et/ ou l’instauration de programmes de conservation. Zéro perte supplémentaire du vivant d’ici à 2030, c’est l’un des objectifs de développements durables définis en 2015 par les Nations unies. Il faudra conclure des accords internationaux concrets, à l’image du processus en cours sur le réchauffement climatique. 2020 sera une année cruciale avec le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature à Marseille en juin, puis la Convention sur la diversité biologique en novembre à Pékin.