20 Minutes

Le rire pris très au sérieux

Pas facile de faire rire en partant d’un sujet grave. Pierre Salvadori expose sa méthode pour « En liberté ! », en salles ce mercredi

- Caroline Vié

La comédie, c’est le métier de Pierre Salvadori. Plus encore, c’est une profession de foi. Il le prouve une fois de plus avec En liberté ! Le cinéaste part d’une intrigue pas vraiment marrante, qu’il parvient très vite à rendre drôle. Un faux coupable (Pio Marmai) et la veuve du flic qui l’a envoyé en prison (Adèle Haenel) s’y rencontren­t sur fond de braquage de bijouterie au grand dam d’une épouse dévouée (Audrey Tautou). « Mon secret pour faire rire, c’est la sincérité, explique le cinéaste à 20 Minutes. Je ne fais pas le malin avec mes personnage­s qui sont réellement confrontés à des situations graves. » C’est le cas pour ses deux héros lancés malgré eux dans le crime par la faute d’un ripou flamboyant (Vincent Elbaz).

« Au cinéma, le rire fonctionne comme l’horreur, précise Pierre Salvadori. On passe un contrat avec le spectateur qui vient pour rire ou pour frissonner. Il sait ce qui l’attend et on doit lui donner satisfacti­on. » Il y parvient brillammen­t en faisant monter la pression autour d’un homme décidé à commettre le vol pour lequel il a été injustemen­t emprisonné.

Intrigue taillée au cordeau

« Je prends le rire très au sérieux en montrant des personnage­s dépassés par ce qu’ils vivent et qui n’ont pas du tout envie de s’en amuser. » Ce principe, le réalisateu­r de Dans la cour et des Apprentis le manie avec maestria, notamment lors d’une ahurissant­e scène de braquage dans une bijouterie. Ballotté entre suspense et éclats de rire, on se laisse emporter au gré d’une intrigue taillée au cordeau. « Rien n’est plus sinistre qu’une comédie qui ne fait pas rire, martèle Pierre Salvadori. On finit par acquérir un instinct pour ce qui fonctionne ou pas, même si on ne peut jamais être sûr de rien tant qu’on n’a pas projeté le film devant un public. » Le réalisateu­r entretient le rêve de « créer un jour une mécanique comique si parfaite que le spectateur serait incapable de reprendre son souffle entre les scènes ». Le cinéaste cite volontiers The Party (1968) de Blake Edwards en exemple. En liberté !, fantaisie intelligen­te et très réussie, le rapproche doucement mais sûrement de son but.

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##JEV#171-54-https://bit.ly/2Sx7lYb##JEV# Pio Marmaï et Adèle Haenel sont embarqués dans un braquage malgré eux.

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