L’état de l’habitat fait débat après l’effondrement de trois immeubles dans un quartier populaire
Trois immeubles se sont effondrés lundi dans un quartier populaire
Presque un édifice sur deux. Dans le quartier de Noailles, l’un des plus pauvres de la cité phocéenne, 48 % des immeubles peuvent être considérés comme du bâti indécent ou dégradé, selon La Marseillaise. Et, parmi eux, 20% sont en dégradation avancée, en procédure d’insalubrité ou de péril. L’immeuble situé au 63 de la rue d’Aubagne était d’ailleurs dans ce dernier cas, après un arrêté pris par la mairie en 2008. Aujourd’hui, il n’en reste que des décombres.
Lundi matin, le bâtiment s’est effondré, entraînant dans sa chute un autre immeuble, au numéro 65, avec, à l’intérieur, une dizaine de logements – au moins 7 habitants étaient « recensés manquants » lundi soir, selon le président de la région Renaud Muselier. Peu après l’effondrement de ces deux immeubles mitoyens, un troisième, au 67, s’écroulait à son tour.
Des procédures très lentes
Un article de Marsactu datant de 2016 rappelait que, à cette date, le 63, rue d’Aubagne attendait encore la fin de sa réhabilitation dans le cadre d’un plan d’éradication de l’habitat indigne lancé des années auparavant. Deux ans plus tard, les habitants du quartier laissent éclater leur colère. « J’habite en face du 63, indique Frédéric. Cet immeuble était dans un état catastrophique depuis des années, lézardé de partout, tenu par des morceaux de bois. J’ai contacté la mairie à de nombreuses reprises. Les pouvoirs publics rachètent des immeubles, mais ils ne font pas les travaux nécessaires.» Julien, qui travaille dans le secteur, renchérit : «Tous les murs de la rue sont fissurés, et la pluie des derniers jours les a fait gonfler. Le béton est décrépi, les parties en bois sont pourries… Ça fait six ans que j’emprunte cette rue, et je l’ai toujours connue comme ça.» Jean-Luc Mélenchon, le député du secteur, tranche : « Si cela a touché la maison des pauvres, ce n’est pas un hasard. Il y a des poches de pauvreté en France avec des copropriétés louées par des marchands de sommeil en toute impunité. Et il y a une indifférence des pouvoirs publics envers les gens qui vivent dans des taudis.» Selon l’adjointe au logement, Arlette Fructus, la situation dans le quartier est la conséquence de longues procédures qu’imposait la loi pour acquérir les immeubles et procéder à des expropriations. Il aurait fallu ainsi près de dix ans à la mairie pour acheter le 63, rue d’Aubagne. Quant au 65, toujours selon l’élue, une expertise était en cours pour pouvoir mener les travaux nécessaires.
Devant la presse, le ministre du Logement a défendu la ville… et le gouvernement. « J’étais il y a quinze jours ici, à Marseille, pour annoncer une politique volontariste de lutte contre l’habitat indigne, rappelle Julien Denormandie. On sait que c’est une problématique importante. »
La mairie a engagé en 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. Selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de «quelque 100000 Marseillais ». A Marseille,
Mathilde Ceilles et Jean Saint-Marc