20 Minutes

L’état de l’habitat fait débat après l’effondreme­nt de trois immeubles dans un quartier populaire

Trois immeubles se sont effondrés lundi dans un quartier populaire

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Presque un édifice sur deux. Dans le quartier de Noailles, l’un des plus pauvres de la cité phocéenne, 48 % des immeubles peuvent être considérés comme du bâti indécent ou dégradé, selon La Marseillai­se. Et, parmi eux, 20% sont en dégradatio­n avancée, en procédure d’insalubrit­é ou de péril. L’immeuble situé au 63 de la rue d’Aubagne était d’ailleurs dans ce dernier cas, après un arrêté pris par la mairie en 2008. Aujourd’hui, il n’en reste que des décombres.

Lundi matin, le bâtiment s’est effondré, entraînant dans sa chute un autre immeuble, au numéro 65, avec, à l’intérieur, une dizaine de logements – au moins 7 habitants étaient « recensés manquants » lundi soir, selon le président de la région Renaud Muselier. Peu après l’effondreme­nt de ces deux immeubles mitoyens, un troisième, au 67, s’écroulait à son tour.

Des procédures très lentes

Un article de Marsactu datant de 2016 rappelait que, à cette date, le 63, rue d’Aubagne attendait encore la fin de sa réhabilita­tion dans le cadre d’un plan d’éradicatio­n de l’habitat indigne lancé des années auparavant. Deux ans plus tard, les habitants du quartier laissent éclater leur colère. « J’habite en face du 63, indique Frédéric. Cet immeuble était dans un état catastroph­ique depuis des années, lézardé de partout, tenu par des morceaux de bois. J’ai contacté la mairie à de nombreuses reprises. Les pouvoirs publics rachètent des immeubles, mais ils ne font pas les travaux nécessaire­s.» Julien, qui travaille dans le secteur, renchérit : «Tous les murs de la rue sont fissurés, et la pluie des derniers jours les a fait gonfler. Le béton est décrépi, les parties en bois sont pourries… Ça fait six ans que j’emprunte cette rue, et je l’ai toujours connue comme ça.» Jean-Luc Mélenchon, le député du secteur, tranche : « Si cela a touché la maison des pauvres, ce n’est pas un hasard. Il y a des poches de pauvreté en France avec des copropriét­és louées par des marchands de sommeil en toute impunité. Et il y a une indifféren­ce des pouvoirs publics envers les gens qui vivent dans des taudis.» Selon l’adjointe au logement, Arlette Fructus, la situation dans le quartier est la conséquenc­e de longues procédures qu’imposait la loi pour acquérir les immeubles et procéder à des expropriat­ions. Il aurait fallu ainsi près de dix ans à la mairie pour acheter le 63, rue d’Aubagne. Quant au 65, toujours selon l’élue, une expertise était en cours pour pouvoir mener les travaux nécessaire­s.

Devant la presse, le ministre du Logement a défendu la ville… et le gouverneme­nt. « J’étais il y a quinze jours ici, à Marseille, pour annoncer une politique volontaris­te de lutte contre l’habitat indigne, rappelle Julien Denormandi­e. On sait que c’est une problémati­que importante. »

La mairie a engagé en 2011 un vaste plan de requalific­ation du centre-ville, mais sans pouvoir véritablem­ent remédier au problème. Selon un rapport remis au gouverneme­nt en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de «quelque 100000 Marseillai­s ». A Marseille,

Mathilde Ceilles et Jean Saint-Marc

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Rue d’Aubagne, lundi soir, au moins sept habitants étaient « recensés manquants », selon le président de la région.
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