Il est une fois en Amérique
« Sale Temps à l’hôtel El Royale» a l’art et la manière de s’en prendre aux Etats-Unis de Donald Trump
Sale Temps à l’hôtel El Royale est un polar fort distrayant, mais il serait réducteur de ne le résumer qu’à cela. Les aventures de sept étrangers au passé chargé qui débarquent dans un établissement miteux permettent à Drew Goddard d’égratigner l’Amérique de Trump. Des stars comme Jeff Bridges, Jon Hamm, Dakota Johnson et Chris Hemsworth entrent dans son jeu. Le spectateur qui réserve sa chambre avec eux n’aura pas l’occasion de sommeiller. « Le film peut être perçu comme un divertissement en hommage aux années 1960, explique Drew Goddard dans le dossier de presse, mais on peut aussi s’amuser à lui trouver des concordances avec la réalité. » 20 Minutes souligne en quoi ce film passionnant est d’abord et avant tout une satire de l’Amérique actuelle par le réalisateur de La Cabane dans les bois (2012).
Des villes symboliques. L’hôtel El Royale se situe à cheval entre la Californie (Hollywood) et le Nevada (Las Vegas), une frontière symbolisée par une ligne rouge. La piscine de l’établissement devient de plus en plus profonde quand on nage vers le Nevada. Ces deux villes évoquent
Vle rêve américain, mais aussi les sévères désillusions qui peuvent en découler. Celles que connaissent de plus en plus d’Américains depuis l’élection de Donald Trump.
Des femmes combatives. #MeToo a mis un coup de balai dans les paillettes hollywoodiennes. Brillamment incarnée par la découverte Cynthia Erivo, une chanteuse est en fuite après avoir refusé les avances de son producteur, joué par le réalisateur Xavier Dolan, glaçant. Même topo pour la beauté violente et mystérieuse campée par Dakota Johnson. Ces Américaines d’aujourd’hui ne veulent plus se laisser marcher sur les pieds.
Des hommes peu recommandables. Et que dire de l’espion à côté de la plaque qu’interprète Jon Hamm, ou du prêtre inquiétant campé par l’épatant Jeff Bridges? Le barbouze
VVlargué reconverti en représentant en aspirateur d’un côté, l’homme de Dieu aux tendances criminelles de l’autre : ces deux mâles n’ont plus rien de glorieux dans leur façon d’exercer leur fonction. Eux aussi sont symboliques d’une Amérique en pleine déliquescence.
Un gourou effrayant. Quant au gourou incarné par Chris Hemsworth dans un contre-emploi savoureux, son comportement et ses discours grotesques font penser à Donald Trump lui-même. Bien qu’il soit plus agréable à regarder que le locataire de la Maison-Blanche, il conduit ses disciples trop crédules à leur perte, déchaînant les catastrophes sur son passage.
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