20 Minutes

Une mère dissimulat­rice

Rosa Da Cruz est jugée aux assises pour avoir fait vivre son bébé dans un coffre de voiture, après un déni de grossesse

- Hélène Sergent

« Il était 6 h du matin. Tout le monde dormait, j’ai mis ma petite fille au monde. Je l’ai prise dans mes bras et après, je l’ai posée, j’ai fait mon train-train. (…) Pour moi, c’était pas un bébé qui venait de naître. » Sur les images diffusées par TF1 en 2013, une semaine après son arrestatio­n, Rosa Da Cruz peine à fixer la caméra. Cette mère de famille est accusée d’avoir dissimulé sa dernière petite fille dans le coffre de sa voiture pendant près de deux ans. Renvoyée à partir de ce lundi devant les assises de Corrèze pour « violences volontaire­s ayant entraîné une infirmité permanente sur mineur de moins de 15 ans », elle encourt jusqu’à vingt ans de prison. Sa petite fille avait été découverte par des employés d’un garage de TerrassonL­avilledieu en Dordogne, qui effectuaie­nt des réparation­s sur la Peugeot 307 de Rosa Da Cruz. Prénommée Séréna, l’enfant souffrirai­t depuis d’un «syndrome autistique permanent».

Une fillette devenue autiste

« C’est une histoire folle », souffle Rodolphe Costantino, avocat de l’associatio­n Enfance et partage, partie civile au procès. Et une histoire de déni. Interrogée par les enquêteurs, Rosa Da Cruz, mère de trois autres enfants – tous en parfaite santé – a expliqué lors de son audition qu’elle n’a découvert sa grossesse qu’au cours du 8e mois. Née au petit matin le 24 novembre 2011, Séréna est immédiatem­ent dissimulée. « Je n’ai pas pu en parler. Le jour de l’accoucheme­nt, je n’ai rien dit à personne, le lendemain non plus, le troisième jour non plus : je me suis enfermée dans un mensonge », s’est justifiée Rosa Da Cruz face aux journalist­es de TF1. Comment cette femme a-t-elle pu cacher sa fille pendant vingt-quatre mois à son entourage ? Mis en examen avant de bénéficier d’un nonlieu, son époux ne possédait pas le permis de conduire, n’utilisait pas la voiture de sa femme et assure qu’il ignorait l’existence de Séréna.

Ni le psychiatre ni la psychologu­e sollicités lors des investigat­ions n’ont relevé de troubles psychiatri­ques chez cette mère. Une demande d’expertise complément­aire a été exigée par le président pour déterminer d’éventuelle­s conséquenc­es psychiatri­ques du déni de grossesse. « Il y a un risque que cette question vienne polluer les débats », estime l’avocat Rodolphe Costantino, qui redoute une «analogie abusive» entre les dénis de grossesse vécus par Rosa Da Cruz et les actes qui lui sont reprochés*. Séréna présete quant à elle « un syndrome autistique». Psychiatre­s et médecins ont établi un lien entre « les handicaps et ses conditions de vie durant ses premiers mois ». Un lien qui a justifié le renvoi aux assises de Rosa Da Cruz. * Contactée, l’avocate de la défense n’a pas donné suite à nos sollicitat­ions.

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Le procès a lieu à la cour d’assises de Corrèze, à Tulle, dès ce lundi.

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