Le cran des « Frères de sang »
La mafia serait-elle une aubaine professionnelle dans la banlieue de Rome ? C’est ce que pensent les héros de Frères de sang, premier film des jumeaux Damiano et Fabio D’Innocenzo. Deux amis (Matteo Olivetti et Andrea Carpenzano) grimpent les échelons du crime organisé dans cette oeuvre maîtrisée dont la sobriété glace le sang. Les cinéastes ont trouvé leur style, en évitant de montrer le crime de façon spectaculaire. Leurs personnages entrent dans la mafia après avoir accidentellement renversé un piéton qui s’avère être un témoin gênant. « Ils vont gagner de l’argent, mais perdre leur âme, ce qui correspond à la vie de bien des Italiens d’aujourd’hui », expliquent les réalisateurs. Cette jeunesse déboussolée est décrite avec acuité dans Frères de sang. L’oeuvre, d’une étonnante maturité, se veut aussi une réflexion sur le mâle italien. « La société nous projette une vision de ce que doit être un homme, précisent-ils. Les plus fragiles se brisent devant ces exigences. » Le duo a choisi d’entrer en cinéma plutôt qu’en délinquance : « Le fait d’être ensemble, de nous soutenir et de nous passionner pour le septième art nous a sans doute sauvés. »