20 Minutes

Un Goncourt derrière la série « Aux animaux la guerre »

Le romancier Nicolas Mathieu évoque l’adaptation de son premier livre, «Aux animaux la guerre »

- Propos recueillis par Anne Demoulin

Un polar âpre et captivant qui montre comment la violence sociale devient la violence tout court. France 3 diffuse à partir de ce jeudi à 21 h « Aux animaux la guerre », minisérie en six épisodes, adaptée du roman du même nom de Nicolas Mathieu (éd. Actes Sud). L’auteur vosgien en signe le scénario avec le cinéaste Alain Tasma, qui livre une mise en scène percutante.

C’est la première fois que vous voyez vos personnage­s prendre vie à l’écran. Vous êtes ému ?

C’est très bizarre. Ils sont complèteme­nt mes personnage­s, mais ils sont devenus autre chose, puisqu’il s’agit de la série d’Alain Tasma et qu’ils sont incarnés par des comédiens. Vous cosignez l’adaptation, le scénario et les dialogues. Cela n’a pas été trop difficile de se remettre dans cette histoire publiée en 2014 ?

En réalité, je n’en étais jamais vraiment sorti. Mon livre Leurs enfants après eux [lire l’encadré] poursuit dans la même veine. Je ne rentre pas dans une histoire pour en sortir, ce sont des sillons qu’on creuse. Certains durent, d’autres sont moins longs.

A partir du quatrième épisode on découvre des événements qui ne figurent pas dans le roman…

A la fin du roman, certains personnage­s restent au tapis. Il a donc fallu redécouper les choses et retendre des câbles. Quand on accepte que son livre soit adapté, il faut en faire le deuil. Je ne me suis jamais posé en défenseur de l’intégrité absolue du livre. Ce qu’on était en train de faire, c’était un objet nouveau, notre scénario, puis la série d’Alain Tasma. A partir de là, on s’est mis à penser aux personnage­s et à la façon de les faire exister jusqu’au bout des six épisodes. C’est un travail d’écriture collectif. C’était bien !

Michel Bussi, dont les livres ont été souvent adaptés en série, parle d’une « part de trahison » dans l’adaptation…

Tout dépend de ce qui est trahi, si c’est la lettre ou le fond. Sur le fond, j’ai l’impression qu’on n’a rien trahi du tout. C’est la même exigence, la même âpreté. On parle des mêmes gens pour les mêmes gens, et le pari de départ, c’est faire de la sociologie avec un flingue, comme le disait Le Canard enchaîné dans sa critique du livre. Je voulais restituer la vie des gens en prenant le prétexte du roman noir pour parler d’autre chose. Tout ça a été tenu d’un bout à l’autre.

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La minisérie, avec Roschdy Zem, est diffusée ce jeudi à 21h sur France 3.

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