« La réflexologie, c’est un piège »
L’avocat général a requis, mercredi, six ans de prison contre Georges Tron et quatre ans contre son ancienne adjointe, Brigitte Gruel
Frédéric Bernardo n’a pas fait durer le suspense. « Mon intime conviction, c’est que M. Tron et Mme Gruel sont coupables des faits reprochés [en l’occurrence de viols et d’agressions sexuelles en réunion] », lance l’avocat général, au début de son réquisitoire, mercredi, à la cours d’assises de Seine-Saint-Denis. Il poursuit, en faisant valoir sa « liberté de parole » : « Je n’obéis pas à qui que ce soit, je vous propose ma conviction en fonction du dossier et des débats tenus à l’audience. » Ainsi, Frédéric Bernardo a requis six ans de prison et cinq ans d’inéligibilité à l’encontre de Georges Tron et quatre à l’encontre de son ex-adjointe, Brigitte Gruel. Certes, les plaignantes ont parfois été imprécises dans leurs déclarations, mais, aux yeux du parquetier, ce sont des « détails » qui ne font pas d’elles des affabulatrices. Quant à l’absence de preuves scientifiques, et notamment d’ADN, ces éléments ne sont pas la condition sine qua non d’une condamnation. « Ce qui fait un dossier pénal, ce sont les recoupements, les preuves », insiste le magistrat. Pendant près de deux heures, Frédéric Bernardo a décrit une relation « d’emprise » avec, d’un côté, Georges Tron, un « homme puissant » qui concentre « tous les pouvoirs, tous les réseaux. Il peut fournir un travail, un logement. » De l’autre, des femmes fragilisées par leur situation personnelle. Le tout, rappelle-til, dans une mairie, celle de Draveil (Essonne), où régnait une « atmosphère sexualisée » anormale. « La réflexologie, c’est un piège pour s’autoriser à toucher les pieds des femmes, qui sont un objet de passion pour M.Tron », poursuit Frédéric Bernardo. « Un réquisitoire démagogique et narcissique » aux yeux d’Eric DupondMoretti, l’un des conseils de Georges Tron. Un « scénario dont on vient faire une vérité juridique » pour l’avocat de sa coaccusée, Me Frank Natali. Lors des plaidoiries de la défense, celuici a déploré un dossier bâti sur des « rumeurs », dont aucune expertise ne corrobore la thèse d’une agression. Eric Dupond-Moretti a, lui, déploré un dossier devenu un « symbole », celui du mouvement Balance ton porc, à l’endroit duquel il ne cache pas son aversion. « On fait de la femme une espèce de potiche parce qu’il est député-maire », s’est emporté le ténor, rappelant les imprécisions et les erreurs factuelles dans les plaintes des parties civiles. « Vous voulez inscrire votre nom dans l’histoire judiciaire, mais vous allez sortir par la petite porte de service », conclut-il. La cour doit rendre son verdict ce jeudi.
Eric Dupond-Moretti déplore un dossier devenu un «symbole» du mouvement Balance ton porc.