Les consoles ont rendez-vous avec l’histoire
«Battlefield V» et «1111: Memories Retold» mettent en scène des conflits historiques
« Call of Duty », « Battlefield » ou «Medal of Honor» font partie des licences les plus connues du jeu vidéo. Ces jeux de tir, de guerre, plongent le joueur dans des conflits historiques. Le premier «Call of Duty» (2003) et «Battlefield 1942» (2002) se déroulaient pendant la Seconde Guerre mondiale, période que les deux séries revisitent avec « Call of Duty : WWII », paru en 2017, et «Battlefield V», qui sort mardi sur PC, PS4 et Xbox One. Lorsque, en mai, Electronic Arts a dévoilé la bande-annonce de ce dernier et son héroïne, une résistante, plusieurs voix se sont élevées, sur les réseaux sociaux, pour critiquer le jeu. «Une femme? Combattante? Pas réaliste ! » Sauf que les femmes ont combattu pendant la Seconde Guerre mondiale : 20 % parmi les partisans français, 10 % dans l’armée britannique, répond sur Twitter Julien Annart, détaché pédagogique jeu vidéo auprès de la fédération FOr’J. La question du réalisme dans les jeux de guerre est toutefois posée, avec également la présence de prothèses ou d’armes a priori anachroniques, comme un katana. Le producteur du jeu, Aleksander Grondal, a une réponse simple : « Nous privilégierons toujours le fun à l’authenticité.» La bataille des PaysBas, mais également la « bataille de l’eau lourde» en Norvège ou encore l’opération Albumen. Des conflits moins connus de la Seconde Guerre mondiale que « Battlefield V » remet en avant. « Nous avons appliqué la même approche que pour “Battlefield 1”, à savoir visiter des endroits plus reculés, montrer des véhicules ou armes peu vus.» Le héros de « 11-11 : Memories Retold », paru le 9 novembre sur PC, PS4 et Xbox One, n’a pas d’armes, mais un appareil photo. Harry est un photographe canadien, enrôlé pour rejoindre le front ouest de la Première Guerre mondiale, où il croisera la route de Kurt, technicien allemand à la recherche de son fils disparu. Le le titre n’est pas un jeu de tir mais un jeu narratif, pas un jeu de guerre, mais un jeu sur la guerre. Et une affaire personnelle pour son créateur, le Français
Yoan Fanisse.
« Mon arrière-grand-père a participé à la Grande Guerre, raconte-t-il. Il en est revenu vivant, mais amputé. Il est décédé quelques années plus tard des conséquences du gaz. Ma grand-mère l’a ainsi peu connu, mais a gardé documents, lettres, objets… Toute cette mémoire m’a été transmise d’un coup. Pour moi qui n’étais pas féru d’histoire, ce fut un vrai choc. Je me suis alors demandé comment intéresser les jeunes à l’histoire, notre histoire. » Cela donne d’abord l’innovant et touchant « Soldats inconnus : mémoires de la Grande Guerre » pour Ubisoft en 2014, puis « 11-11 : Memories Retold », collaboration entre le studio de Yoan Fanise, DigixArt, et les studios Aardman de Wallace & Gromit.
«J’ai voulu aller plus loin dans l’immersion et dans l’émotion, explique le game designer. Qu’écrit-on dans une lettre envoyée à sa fille depuis le front, qu’est-ce que l’on dit et ne dit pas ? Le gameplay implique de nombreux choix, embranchements, histoires.» Le jeu est narratif sur le fond, et impressionniste sur la forme. Comme un tableau vivant. « Le jeu vidéo doit aller au-delà de cette course au pseudo-réalisme, soutient Yoan Fanise. Avec cette direction artistique, j’ai voulu explorer d’autres choses, plus subtiles, des états d’esprit différents, des envolées lyriques. » Une explosion de pixels, de couleurs, d’émotions.
«Nous privilégierons toujours le fun à l’authenticité.»
Aleksander Grondal, producteur de «Battlefield V»
«J’ai voulu aller plus loin dans l’immersion et dans l’émotion.»
Yoan Fanise, créateur de «11-11 : Memories Retold»