Indépendant, en attendant mieux
Devenir micro-entrepreneur peut faciliter le retour à l’emploi, mais comporte des risques
Tarik est devenu chauffeur Uber après un grave accident de moto. Il était alors steward et l’altitude accentuait ses douleurs articulaires et musculaires. « L’avantage d’être microentrepreneur avec mon handicap, c’est que je peux être flexible sur mes horaires.
Si je ne peux pas travailler parce que je ne me sens pas bien, cela ne pose aucun problème. »
Selon l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionelle des personnes handicapées (Agefiph), près de 1 500 nouveaux micro-entrepreneurs en situation de handicap ont bénéficié d’une aide financière à la création d’activité en 2017. Outre le fait de pouvoir maîtriser son emploi du temps et d’éviter la pénibilité des trajets domicile-travail, être microentrepreneur permet d’éviter les « trous » dans le CV, « notamment en cas de maladie chronique invalidante », explique Rémi Bellois, de la direction des actions associatives de l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Ladapt).
« Malgré tout, c’est souvent d’abord un choix par défaut, parce que la personne avec un handicap a du mal à trouver un emploi », nuance-t-il. Guillaume Vachias, graphiste freelance atteint d’une infirmité motrice cérébrale, confirme : « Je suis devenu micro-entrepreneur en 2015, car je cherchais du travail depuis un petit moment. Le marché de la communication visuelle est très compliqué, alors, avec un handicap, c’est encore plus dur. »
D’un point de vue financier, « un travailleur indépendant gagne souvent moins bien sa vie qu’un salarié les premiers temps », reconnaît Rémi Bellois. Mais il peut continuer à percevoir l’allocation aux adultes handicapés (AAH), qui lui garantit un revenu minimum. « Il y a aussi un gain en termes d’image. Etre freelance, c’est être indépendant, c’est valorisant socialement quand on a un handicap », avance-t-il.
Ne pas se décourager
Mais, entre les démarches administratives, le travail de prospection et le fait de ne pas compter ses heures, on peut vite se sentir seul et découragé. Entrepreneur non-voyant, Didier Roche a donc fondé l’association H’up il y a dix ans pour informer, soutenir et accompagner les entrepreneurs porteurs de handicap. Selon lui, ce statut est avant tout une opportunité : « Il donne aux entreprises le sentiment de prendre moins de risques. » De la liberté là où beaucoup attendent de la sécurité.
Le dessin est de Sébastien Peters