Attendus au tournant
L’avenir des « gilets jaunes », sans structure centrale ni interlocuteur identifié, reste des plus incertains après un week-end de mobilisation dans toute la France. P.8
La mobilisation des «gilets jaunes» contre la hausse des taxes sur les carburants, samedi, a rassemblé près de 290000 personnes sur 2034 sites. Dimanche, des barrages filtrants ont été observés dans plusieurs régions. Une poursuite du mouvement n’est pas exclue, avance Rémi Bourguignon, maître de conférences à l’IAE de Paris.
Quelle est la suite possible du mouvement des « gilets jaunes » ? Un des risques, c’est celui d’une radicalisation. On a vu un mouvement hétérogène avec des personnes manifestant calmement, mais aussi avec des personnes à la limite du dérapage.
L’absence de leader pose-t-elle problème ?
Oui, ce type d’incident n’arrive pas lors d’une mobilisation organisée, déclarée en préfecture. En l’absence de tout encadrement, de toute règle, de toute sécurité, il peut y avoir des mouvements de panique, avec des conséquences très graves (lire ci-dessous).
Une issue politique au conflit est-elle envisageable ?
C’est compliqué puisque, par définition, ils n’ont pas de représentants. Il n’y a donc personne pour aller discuter avec le gouvernement au nom de ces «gilets jaunes». Même si une partie cessait de se mobiliser, cela n’empêcherait pas des minorités de poursuivre le mouvement.
Peut-il y avoir une convergence des luttes ? Les infirmières, par exemple, ont annoncé qu’elles se mobiliseraient le 20 novembre. Si l’on prend le cas des infirmières, c’est un mouvement organisé, qui n’a pas d’intérêt à se coaliser avec les « gilets jaunes ». Mais des gens, qui ont manifesté avec les « gilets jaunes », peuvent se mobiliser par ailleurs. Ce qui se joue ici, c’est peutêtre la place des corps intermédiaires. Il ne faudrait pas les décrédibiliser car, à ce moment-là, ils n’auront pas la capacité à maîtriser les mouvements comme cela a été le cas avec les «gilets jaunes ».