Des pays minés par le charbon
La question de l’abandon de ce combustible marquera inévitablement la prochaine COP24
L’annonce n’était pas passée inaperçue, l’an dernier, à Bonn (Allemagne). En pleine COP23, une vingtaine de pays signaient la Powering Past Coal Alliance (PPCA), une coalition déterminée à sortir rapidement du charbon. La première source d’énergie dans le monde est aussi la plus dommageable pour la qualité de l’air et le climat. Cette question de la sortie du charbon, sur laquelle se penche 20 Minutes, partenaire de l’édition spéciale COP24 d’« Avenue de l’Europe, le mag », diffusée ce mercredi sur France 3, reviendra inévitablement sur le tapis lors de la COP24, qui s’ouvre en Pologne le 3 décembre. D’autant plus qu’elle se déroule à Katowice, au coeur du plus grand bassin houiller d’Europe. Le pays tire 80 % de son électricité du charbon et émettait à lui seul 10% des émissions de dioxyde de carbone de l’UE en 2017 liées à l’énergie. C’est presque autant que la France, l’Italie ou le Royaume-Uni, pourtant tous bien plus peuplés.
Pour Lorette Philippot, des Amis de la Terre, il n’y a guère de secret : «Parvenir à la neutralité carbone en 2050, un objectif fort de l’Accord de Paris, nécessitera de sortir du charbon. » Problème, « seuls de petits pays charbonniers constituent l’alliance [scellée à Bonn] », indique Oliver Sartor, chercheur à l’Institut pour le développement durable et les relations internationales (Iddri). Difficile, en même temps, de demander à un pays encore en plein développement de sortir du charbon. « Mais le contexte est tout autre au sein de l’UE, estime Lorette Philippot. Nous avons d’ores et déjà des outils, un cadre réglementaire, une bonne expertise sur les énergies renouvelables, des aides financières à la transition…» Ce n’est pourtant pas toujours la direction que prennent les gros pays charbonniers européens. Fin septembre, le gouvernement polonais a donné son accord à la construction d’une centrale géante d’une capacité de 1 000 mégawatts au nord de Varsovie. En Allemagne, l’électricien RWE cherche à étendre le périmètre de deux mines à ciel ouvert de lignite (un charbon très polluant). Et de nombreux emplois sont en jeu (20000 en Allemagne, 100000 en Pologne). Malgré tout, le vent tourne peu à peu pour le charbon. «Les ressources sont de moins en moins abondantes, les mines vieillissantes…», relève Oliver Sartor. La question de l’après est inévitable : «Construire de nouvelles mines ou opter pour des énergies renouvelables, souvent désormais moins chères ? »
« La sortie du charbon est un objectif fort de l’Accord de Paris. » Lorette Philippot, militante