20 Minutes

Une lutte «pensée dans la globalité»

La cellule spécialisé­e de suivi des bandes violentes, mise en place il y a huit ans, analyse une masse d’informatio­ns

- Caroline Politi

Le 27 septembre, la vidéo du lynchage d’un adolescent, qui est ensuite laissé pour mort, à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), fait frémir les réseaux sociaux. Le 13 octobre, un adolescent de 13 ans trouve la mort à la suite d’une rixe, aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Le 24 octobre, à Paris, un lycéen de 16 ans, grièvement blessé à l’arme blanche lors d’une bagarre entre bandes, décède à l’hôpital. L’inventaire, loin d’être exhaustif, ne surprend pas les policiers spécialisé­s. « Il y a eu un enchaîneme­nt de faits en peu de temps, qui a attiré l’attention des médias et des politiques, mais ces violences font malheureus­ement partie de notre quotidien », analyse Gilles, responsabl­e de la cellule sur le suivi des bandes violentes mise en place par la préfecture de police de Paris en 2010. Chaque jour, sept fonctionna­ires compilent, analysent et synthétise­nt les rapports de police, les procédures judiciaire­s en cours et les « remontées de terrain». «L’objectif, c’est d’avoir une vision globale du phénomène afin de pouvoir faire circuler les informatio­ns entre les différents services et donc d’anticiper », précise Sandrine, l’adjointe du commandant de police.

Plus jeunes, plus violents

A ce jour, la cellule a recensé 46 bandes actives dans la capitale et la petite couronne. Le phénomène français n’a rien du gang américain : il n’y a pas de chefs précis, même s’il y a des meneurs, les membres entrent et sortent sans « pacte d’allégeance ». «Jusqu’en 2014, c’étaient principale­ment des jeunes adultes alors que, aujourd’hui, la moyenne d’âge se situe autour de 17 ans », poursuit la responsabl­e adjointe. En 2017, sur les 291 interpella­tions liées aux bandes recensées par la préfecture, on comptait 80% de mineurs.

Selon la préfecture de police de Paris, les violences rattachées aux bandes ont baissé de 30 % dans la capitale et de 19% sur l’ensemble de la petite couronne entre 2016 et 2017. Une baisse comptable qui n’est pas synonyme d’une diminution de la violence. Depuis deux ans, 8 jeunes hommes sont décédés au cours de ces rixes à Paris. «La lutte contre les bandes violentes doit être pensée dans sa globalité», analyse le responsabl­e de la cellule. Un groupe de travail a été mis en place avec le parquet, l’Education nationale et la Mairie de Paris pour prendre en compte les différents aspects du phénomène. Et le commandant de police de citer l’exemple de l’apaisement entre deux bandes rivales «historique­s» du 18e et du 19e après des années de violences quasi quotidienn­es. Un véritable plan Marshall a été mis en place, la présence policière renforcée, la vidéosurve­illance installée. « Les éducateurs ont mis les meneurs des deux bandes en contact, une trêve a été signée dans un lieu neutre», précise le commandant de police. Depuis bientôt trois ans, le statu quo est de mise.

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Sept fonctionna­ires de la préfecture de Paris composent la cellule.

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