20 Minutes

«Je voulais juste exister»

L’ex-chroniqueu­r du Bondy Blog, Mehdi Meklat, qui tweetait sous pseudo des propos antisémite­s, s’explique dans un livre

- Propos recueillis par Hakima Bounemoura

« Je m’appelle Mehdi, Thomas, Maximilien Meklat. J’ai 26 ans »… C’est par ces mots que commence le livre de l’ex-chroniqueu­r du Bondy Blog et France Inter, coqueluche des médias français, dont la carrière a été stoppée net après la découverte de tweets haineux. Des internaute­s avaient exhumé en février 2017 une dizaine de tweets à caractère raciste, antisémite, homophobe et sexiste, postés sur le réseau social sous le pseudonyme « Marcelin Deschamps ». Deux ans après les faits, l’ex-« Kid » de France Inter revient sur la polémique dans son livre Autopsie (Grasset), paru mercredi.

Pourquoi avoir décidé d’écrire un livre ? Pour « implorer le pardon » ou pour tenter de vous réhabilite­r ? J’ai décidé d’écrire pour essayer de comprendre ce qui m’est arrivé. Quand l’affaire a éclaté, j’étais inaudible. J’ai aussi écrit ce livre pour comprendre ce qu’on a fait de moi, ce qu’on a dit de moi, comment on m’a présenté. Dès le début, je me suis excusé pour ces tweets infâmes. J’implore aujourd’hui à nouveau le pardon de ceux qui se sont sentis blessés. Si ce livre pouvait dissuader ne serait-ce qu’un seul geek de se suicider socialemen­t à coups de tweets, alors il n’aura pas été inutile. Vous invoquez votre « moi virtuel » pour justifier vos tweets, expliquant que vous étiez dans une course effrénée aux followers…

Ces tweets racistes, homophobes et antisémite­s, c’était pour moi une manière d’être suivi par toujours plus de personnes. Mon « moi virtuel », « Marcelin Deschamps», était lancé dans une course folle aux followers. Pour en gagner, il fallait être toujours plus transgress­if. Je croyais à l’impunité sur les réseaux sociaux, je ne savais pas que les mots pouvaient tuer. Mais je ne pensais rien de ces tweets. Je voulais juste exister. Vous parlez également d’un fantasme raciste à votre encontre… C’est la réalité. Quand un truc comme ça vous tombe sur la tête, vaut mieux pas s’appeler Mehdi. Quand Lorànt Deutsch s’abrite derrière des pseudos pour attaquer des gens, sa carrière n’est pas remise en question. La mienne, celles de la chanteuse Mennel Ibtissem ou du haut fonctionna­ire Rayan Nezzar l’ont été. Pourquoi ? La question de l’itinéraire social est aussi omniprésen­te dans mon livre. On peut être promu dans la vie, mais à un moment donné, on est toujours rappelé à sa classe sociale, à son identité.

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«Dès le début, je me suis excusé pour ces tweets infâmes», affirme Meklat.

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