Coupe Davis
Mahut, Pioline, Casagrande... ils ouvrent l’album souvenir de la grande histoire des Bleus
C’est la der des ders. Après cent dixhuit ans d’existence, la Coupe Davis va disparaître dans son format actuel après la finale France-Croatie, de ce vendredi à dimanche, à Lille. Vainqueure à dix reprises de l’épreuve et tenante du titre, l’équipe de France a laissé de grands souvenirs dans cette compétition. Trois témoins, pas directement liés au succès des Bleus, racontent à 20 Minutes les finales remportées en 1991, 1996 et 2001.
Nicolas Mahut, 9 ans en 1991, était devant sa télé pour la finale France-Etats-Unis. « A l’époque, mon idole, c’était Sampras. Je jouais déjà au tennis, on disait que l’équipe des Etats-Unis, avec Sampras et Agassi, était trop forte pour la France. La ferveur était montée le vendredi, quand Leconte avait sorti un match exceptionnel. Il avait complètement étouffé Sampras, et on était revenu à 1-1. A partir de là, tout le monde a commencé à y croire. Le samedi, Gerland [où se disputait la finale] a failli exploser. Tous les Français étaient comme des dingues pour cette finale. Quand j’ai vu Forget battre Sampras, quand je l’ai vu pleurer avec Leconte, et Noah qui prend tout le monde dans les bras, je me suis dit : “Moi, un jour, je veux vivre ça.”»
Cédric Pioline, joueur en 1996, a perdu un match décisif en finale face à la Suède. «A titre personnel, ça reste une immense déception, car j’étais en position de gagner la Coupe Davis face à Thomas Enqvist, avant de perdre en cinq sets. J’ai même servi pour le match. Je serai éternellement reconnaissant envers mon ami Arnaud Boetsch. Il a vécu le chemin inverse. Il était en position de perdre [trois balles de match contre lui] et il a gagné. Je pense que mon ressenti personnel aurait été très différent si on avait paumé cette Coupe Davis, alors que j’étais en position de la remporter. Mais c’est ça qui fait la beauté de la compétition, aussi. On est en groupe et un joueur peut en rattraper un autre. «a reste des souvenirs fantastiques et ça fait des copains pour la vie. »
Arnaud Casagrande, coach de Nicolas Escudé lors de la victoire en Australie en 2001. «J’étais sur le chemin pour aller en Australie, j’avais eu Nico au téléphone quelques jours avant mon voyage, et il était tellement dans une bulle, dans une osmose d’énergie positive, que j’ai senti qu’il ne fallait pas trop les gêner. C’était incroyable ce qu’il se dégageait du groupe. J’avais peur d’être perturbateur. Donc je me suis arrêté à Bali et j’ai regardé tous les matchs de là-bas. C’était à mourir de rire, je ne connaissais personne et je faisais le tour des bars de Kuta pour trouver les matchs à la télé. Je me souviens de la balle de match, ce revers long de ligne contre Arthurs… J’ai chialé, évidemment. Dans ces moments-là, vous êtes heureux, mais heureux pour eux. C’est un élan d’amour qui vous parcourt. Emotionnellement et nerveusement, ça a dû être la victoire la plus importante de sa carrière. »
« Quand j’ai vu Forget battre Sampras, je me suis dit : “Moi, un jour, je veux vivre ça.” » Nicolas Mahut