Blessés par l'hôpital, des médecins racontent leur mal
Santé Des soignants recourent à l’éciture ou au dessin afin de dénoncer, mais aussi d’aller mieux
Ils rêvaient de porter la blouse blanche, ils ont été exaucés. Mais ces soignants des hôpitaux publics ont vite dû apprendre à composer avec les contraintes du métier : fatigue, manque de moyens, manque de temps, manque de tout. Cette réalité, Sabrina Ali Benali et Védécé la décrivent respectivement dans le livre La révolte d’une interne* (Le ChercheMidi, 17 €) et la BD Vie de Carabin** (Hachette Comics, 14,95 €). « Dessiner est un exutoire, ça aide à avancer psychologiquement quand je suis touché par un patient ou que quelque chose me révolte à l’hôpital, explique Védécé, qui dessine chaque jour après le boulot. Et ça m’aide aussi à communiquer avec des patients. C’est rapidement devenu essentiel. »
Comme Védécé et Sabrina Ali Benali, sur les réseaux sociaux, beaucoup de jeunes médecins partagent leur quotidien à l’hôpital, dénonçant eux aussi la fatigue, les coups de blues et le manque de moyens. Avec pour objectif de libérer la parole. Mais « il y a une forme d’omerta, confie Sabrina Ali Benali. La médecine est un milieu où règne l’idée de surpuissance. » «Je ne sais pas si mes dessins vont changer les choses, ajoute Védécé, mais si ça peut piquer au vif des directeurs d’hôpitaux, ce n’est pas pour me déplaire », plaisante-t-il à moitié. Car certains dessins lui ont valu quelques menaces desdits dirigeants. Pour autant, aucun d’eux n’envisage d’abandonner l’hôpital et les patients. « Malgré toutes les contraintes, on aime notre métier », assurent-ils. Il en est de même pour leurs collègues qui s’expriment sur les réseaux sociaux.
« Malgré tout, on aime notre métier. » Védécé et Sabrina Ali Benali