Les maternités de proximité sortent le carnet rouge
La disparition de ces petites structures inquiète professionnels et futurs parents
La grossesse de Louise a pris un tournant angoissant quand elle a appris que la maternité du Blanc (Indre) fermait ses portes. Le jour J, elle n’aura pour seul choix que de rejoindre Châteauroux, à 46 km, ou Limoges, à 85 km. «Elle est où la joie, la liberté, de donner naissance comme on le souhaite ? »
Manque de professionnels
Un cri du coeur qui résonne dans toute la France, où beaucoup de petites structures ferment. « Depuis quarante ans, deux tiers des maternités ont disparu», rappelle Paul Cesbron, responsable du comité de défense de la maternité de Creil (Oise), également menacée. Et «la liste risque de s’allonger», prévient Hélène Derrien, présidente de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité. En effet, lors de l’annonce du plan Ma santé 2022, Emmanuel Macron a décliné sa vision d’une gradation des soins avec des hôpitaux de proximité sans bloc opératoire, donc sans accouchement. Voilà pourquoi, le 1er décembre, ces comités de lutte espèrent mobiliser pour défendre l’accès de tous aux maternités et hôpitaux de proximité. «On est dans un problème de qualité et de sécurité des soins versus proximité, synthétise Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français. Pour assurer une qualité dans une maternité, vous avez besoin de gynéco-obstétriciens H24 et d’un pédiatre. Deux spécialités concernées par la crise de démographie médicale.» De plus, précise Hélène Derrien, faire des kilomètres tordue de douleur peut être dangereux : « Une étude de la chercheuse Evelyne Combier montre que, pour un accouchement normal, au-delà de quarante-cinq minutes, il peut y avoir des risques pour la mère et le bébé.» Même si, d’après un rapport de la Drees (de 2012 et en cours d’actualisation), le délai pour atteindre une maternité était stable en 2010 (inférieur à quinze minutes du lieu de résidence pour 44 % des accouchements), «on joue avec le feu », augure Hélène Derrien.