Macron avance sur le carburant mais stagne sur le reste
Le discours du chef de l’Etat, mardi, n’a pas convaincu les « gilets jaunes »
« Fin du monde » et « fin du mois », «nous allons traiter les deux, et nous devons traiter les deux.» Emmanuel Macron a tenté de trouver une sortie de crise, mardi, lors d’un discours à l’Elysée pour la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie (lire l’encadré). En pleine contestation des «gilets jaunes», le chef de l’Etat a affirmé «ne pas changer d’avis, ne pas changer de vérité, ne pas changer de cap », tentant de concilier enjeu climatique et pouvoir d’achat. «Je ne veux pas qu’aux inégalités de revenus générées par la mondialisation s’ajoute pour nos concitoyens qui travaillent ou ont travaillé l’inégalité devant la transition écologique», a-t-il déclaré.
Petit effort sur le carburant
Sur le prix du carburant, le président recule d’un tout petit pas. Les hausses de taxes, prévues de 2019 à 2022, seront maintenues. Mais la fiscalité sur le diesel et l’essence pourra être adaptée aux fluctuations des prix du baril, tous les trois mois. Une manière de «rendre la taxe plus intelligente», et de limiter l’impact pour les Français qui utilisent beaucoup leur voiture. Cette idée de modulation, défendue par François Bayrou notamment, avait été écartée jusque-là par Matignon. Pour le reste, pas de bouleversement. « S’arrêter au milieu du gué serait reproduire les échecs du passé », assureThomas Mesnier, député LREM de Charente. Emmanuel Macron a également annoncé une « grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale », rassemblant associations, élus et « représentants des “gilets jaunes”», pour, «dans les trois mois qui viennent », élaborer des « solutions» et des «méthodes d’accompagnement». Un message pas vraiment entendu par les «gilets jaunes». «C’est exactement le délai qu’il faut pour faire passer toutes les mesures dont on ne veut pas, s’emporte Benoît Julou, l’un des «référents» des «gilets jaunes», de Trégueux (Côtes-d’Armor). Macron garde le cap, nous aussi.» Yves Garrec, l’un de ses « homologues » toulousains, affirme : « Nous allons continuer la mobilisation en espérant une amplification ce week-end. On espère que les routiers, les agriculteurs vont nous rejoindre.»
Côté syndicats, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, évoque une « forme de déception de la faiblesse des mesures annoncées : il n’y a pas pour l’instant de réponses très concrètes.» Sans surprise, l’opposition a étrillé le chef de l’Etat. Le patron des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a, par exemple, dénoncé un «président en panne sèche» et des propositions «hors-sol et hors réalité politique du pays ».