20 Minutes

Aux portes de l’insécurité

Un habitant de Joinvillel­e-Pont (Val-de-Marne) a découvert que sa clé ouvrait plusieurs appartemen­ts de sa résidence

- Nicolas Raffin

Appartemen­ts spacieux et modernes, parking en sous-sol, espace vert : la résidence de Joinville-le-Pont (Valde-Marne), où habite Arthur*, rendrait jaloux nombre de Francilien­s. Elle a juste un inconvénie­nt : « Cet été, ma voisine m’a prêté ses clés pour arroser ses plantes. Un jour, sans faire exprès, j’ai utilisé ma clé pour refermer son appartemen­t, et ça a marché. Je me suis dit que c’était bizarre.» Avec l’accord d’une autre voisine, Arthur tente l’ouverture d’un deuxième appartemen­t : là encore, sa clé fonctionne sans forcer. Le cas est d’autant plus problémati­que que ces clés, fabriquées par Vachette, sont dites «protégées». De par leur complexité – plusieurs millions de combinaiso­ns sont possibles sur un même modèle de clé – elles devraient, en théorie, être à l’abri d’une telle erreur. Dans un premier temps, Arthur contacte l’entreprise pour lui faire part du problème. Fin juillet, deux serrures sont changées en urgence par un prestatair­e. Puis, en septembre, le groupe Vachette adresse un courrier au syndic de la résidence, dont 20 Minutes a pu prendre connaissan­ce, pour le rassurer. L’entreprise avance « un bug informatiq­ue » et affirme avoir vérifié «le plan d’organigram­me» de la résidence. Autrement dit qu’elle s’est assurée que d’autres clés ne se transforma­ient pas en passe-partout.

« Faits isolés », selon Vachette

Problème réglé? C’est ce que pense Arthur… jusqu’à fin octobre, lorsque le syndic décide de vérifier si le problème n’est pas plus étendu, et de tester d’autres serrures. Résultat, la clé d’Arthur permet d’ouvrir 5 appartemen­ts sur 12 testés. Pour couronner le tout, l’une de ses voisines réalise qu’elle peut accéder à des parties communes d’autres bâtiments de la résidence, alors qu’ils sont normalemen­t impossible­s d’accès pour elle. Début novembre, le syndic demande donc à Vachette le changement de toutes les serrures et de toutes les clés des 150 appartemen­ts de la résidence. Il exige aussi 30 000 € de dommages et intérêts pour compenser le préjudice subi.

«Bien évidemment, les opérations de remplaceme­nt et de pose des nouveaux cylindres, ainsi que la fabricatio­n des nouvelles clés, seront entièremen­t à notre charge », explique à 20 Minutes Jean-Marc Cither, directeur de Vachette, qui «réserve sa réponse» sur la question des dommages et intérêts. Les nouvelles serrures commencero­nt à être livrées d’ici une dizaine de jours.

L’entreprise affirme aussi qu’aucune autre résidence n’a remonté un problème similaire. «On est sur des faits isolés, poursuit Jean-Marc Cither. Ce sont des sujets ultra sensibles que l’on traque.» Vachette n’a pas le droit à l’erreur : elle équipe notamment plusieurs prisons françaises…

* Le prénom a été changé.

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Les serrures de la copropriét­é seront changées, assure l’entreprise Vachette.

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