« L’angoisse qu’un autre drame recommence est là »
Les critiques sont vives après la tentative de suicide d’un jeune homme au nouveau tribunal
Désespéré par sa situation administrative, un jeune Burkinabé a tenté de se suicider, vendredi, au nouveau palais de justice de Paris (17e). Il a enjambé le garde-corps du 4e étage du bâtiment et s’est laissé tomber dans le vide – polyfracturé, il est aujourd’hui hors de danger.
Des alertes dès 2017
La hauteur de l’atrium, ce hall situé au coeur du bâtiment, et la disposition dans les étages des salles d’audience les plus « sensibles » avaient été mises en cause par les acteurs judiciaires dès octobre 2017, soit six mois avant l’ouverture du palais de justice. Puis, en février, lors d’une réunion du CHSCT, une demande avait été formulée auprès du constructeur privé pour rehausser les garde-corps donnant sur la salle des pas perdus. Une demande effectuée dès octobre 2017, précise à 20 Minutes la présidence du tribunal elle-même, et qui « a été accélérée» depuis vendredi, indique une source judiciaire. Mais le contrat de partenariat public-privé entre l’établissement public du palais de justice de Paris (EPPJP, créé en 2004) et Arelia (société de projet dont la société Bouygues est le principal actionnaire) induirait des délais d’exécution plus longs.
Depuis cette tentative de suicide, une cellule d’urgence médico-psychologique a été mise en place pour tous les témoins de la scène. De son côté, la Chancellerie dit avoir lancé plusieurs chantiers pour répondre à ces problèmes de sécurité. Les mains courantes installées sur les garde-corps devraient être retirées rapidement, les rondes aux 4e et 6e étages ont été renforcées et des gardes statiques effectuées par des policiers ont été mises en place. Et «nous demandons une étude à Arelia en vue de la pose de filets de sécurité», ajoute le ministère. « Ces mesures ne servent à rien, tranche Emmanuel Daoud, l’un des deux avocats du jeune homme qui s’est jeté du 4e étage. On ne pourra jamais empêcher le geste d’un désespéré.» Chez les professionnels de la justice, « l’angoisse qu’un autre drame recommence est là».