20 Minutes

« La misère était camouflée »

- Romain Lescurieux

Depuis des mois, ils ne dorment plus dans leur chambre. « On s’installe dans le salon, explique Fatima, 37 ans. Mon fils et mon mari sont sur le canapé, moi, je vais par terre. » Avec sa famille, Fatima habite dans un appartemen­t de la rue Chaudron, à Saint-Denis, depuis maintenant neuf ans.

« A l’époque, je cherchais un logement en urgence, et je suis tombée sur cet appartemen­t. Mais je n’ai rien vu. En fait, la misère était camouflée. » Au fil des mois, elle découvre les problèmes : absence initiale de chauffage, fuites d’eau, risques d’incendie, coups de jus inopinés, fenêtre sans garde-corps durant un an, nuisibles … Dernier problème repéré, la présence de plomb. Et, pour couronner le tout, cet immeuble est frappé d’un arrêté de péril « non imminent » depuis septembre 1993. Mais « il peut tomber à n’importe quel moment », craint Fatima, qui repense au récent drame de Marseille, où des immeubles se sont effondrés, provoquant la mort de huit habitants.

Le logement de Fatima fait partie des 157 300 logements potentiell­ement indignes recensés dans le parc privé en Ile-de-France, selon une étude dévoilée ce lundi (lire ci-contre). La mère de famille a envoyé des courriers, notamment à son agence et à la mairie de Saint-Denis. Contacté par 20 Minutes, le cabinet du maire dit suivre de près ce dossier : «Nous allons saisir l’agence régionale de santé pour obtenir un arrêté irrémédiab­le d’insalubrit­é et de péril. Cela permettra d’accélérer la procédure de relogement. » «J’aimerais que personne ne tombe dans le même panneau que moi », confie Fatima.

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